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GRÉCO-LATINES


La reine souffla la lumière, et le Roi des Corbeaux entra dans l’obscurité.

— « Couac ! couac ! couac ! Femme, écoute. Ici, nous ne parlons pas pour ne rien dire. Autrefois, j’étais roi sur les hommes. Maintenant, je suis le Roi des Corbeaux. Un méchant gueux, qui a grand pouvoir, nous a changés en bêtes, moi et mon peuple. Mais il est dit que notre épreuve finira. Pour cela, tu peux beaucoup. Je compte que tu feras ton devoir. Toutes les nuits, comme ce soir, je viendrai dormir à ton côté. Mais tu n’as encore que dix ans. Tu ne seras vraiment ma femme qu’après sept ans passés. Jusque-là, garde-toi bien d’essayer de me voir jamais. Sinon, il arriverait de grands malheurs à moi, à toi, et à mon peuple.

— Roi des Corbeaux, vous serez obéi. »

Alors, la reine entendit le Roi des Corbeaux, qui se dépouillait de ses ailes et de son plumage. Cela fait, il vint se coucher dans le lit. La reine eut peur. Elle avança la main, et sentit le froid d’une épée nue, que son mari avait mise entre lui et elle[1].

Le lendemain matin, avant le jour, le Roi des

  1. La particularité de l’épée nue, n’est signalée que par deux conteurs, Bernarde Dubarry et Cazaux. Un autre, Pauline Lacaze, remplace l’épée par une planche. D’autres narrateurs se bornent à dire que le Roi des Corbeaux respecta sa femme.