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AVENTURES PÉRILLEUSES


pour chaque paire, qu’il était impossible de distinguer un homme ou un animal de l’autre.

Au bout de vingt ans, les deux jumeaux prirent chacun un cheval et un chien, et s’armèrent pour aller courir le monde. Ils cheminèrent longtemps, longtemps, longtemps, jusqu’à un carrefour où il y avait une croix de pierre.

— « Frère, dit l’aîné des jumeaux, c’est ici qu’il faut nous séparer. Je m’en vais vers le soleil levant. Toi, va-t-en vers le soleil couchant. Quand tu reviendras à la maison, tu frapperas cette croix de pierre avec ton épée. S’il en coule du sang, cela voudra dire qu’il m’est arrivé malheur. Mais s’il n’en coule rien, ce sera bon signe, et tu pourras suivre ton chemin jusqu’à la maison.

— Frère, cela est convenu. »

Les deux frères se séparèrent et s’en allèrent l’un vers le soleil levant, l’autre vers le soleil couchant. Pendant trois jours et trois nuits, l’aîné chemina dans un grand bois, sans rien voir ni rien entendre, que les oiseaux du ciel et les bêtes sauvages. Enfin, il arriva dans une ville où tous les gens étaient en deuil et pleuraient.

— « Gens de la ville, pourquoi êtes-vous en deuil ? Pourquoi pleurez-vous ainsi ?

— Étranger, nous avons, certes, bien raison d’être en deuil et de pleurer. Il y a, dans le