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LES BELLES PERSÉCUTÉES


vivrai jusqu’au jour du jugement, pour ne pas ressusciter. Écoute. Prends la Demoiselle en croupe. Partez sur ton grand cheval-volant. Jusqu’à la pointe de l’aube, j’aurai pouvoir de vous tourmenter. Dis un mot, retourne-toi vers ta belle, je l’emporte, et tu ne la retrouveras jamais, jamais.

— Maître de la Nuit, tu seras obéi. »

Alors, le grand cheval-volant parla.

— « Dragon Doré, donne à la Demoiselle ta livre de poix, et ton aiguille d’or.

— Mon grand cheval-volant, voilà qui est fait.

— Bon. Demoiselle, prenez cette livre de poix, et bouchez-en fort et ferme les oreilles du Dragon Doré.

— Grand cheval-volant, voilà qui est fait.

— Bon. Et maintenant, Demoiselle, arrachez un crin de ma queue. Enfilez-le dans l’aiguille d’or, et cousez la bouche du Dragon Doré.

— Grand cheval-volant, voilà qui est fait.

— Bon. Allons ! hop ! Partons vite. Et maintenant, tu peux venir, Maître de la Nuit. »

Le Dragon Doré prit la Demoiselle en croupe, et le grand cheval-volant partit à travers les nuages, aussi vite qu’un éclair. Mais le Maître de la Nuit était monté derrière la pauvre fille. Il la mordait jusqu’au sang, et la secouait terriblement. Pourtant, la Demoiselle ne cria pas.