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CHÂTIMENTS ET VENGEANCES


Un jour, sur le coup de midi, le roi s’attablait avec sa femme et son enfant. Tout-à-coup, un général entra dans la chambre.

— « Bonjour, roi et la compagnie.

— Bonjour, général. Assieds-toi là, mon ami. Tu vas manger la soupe avec nous.

— Roi, c’est un mauvais moment pour manger la soupe. Le Roi des Païens arrive, avec toute son armée. Nous avons juste le temps de nous préparer à faire bataille.

— Hardi, général ! Vite, rassemble mes soldats. Fais sonner les cloches. Arme tous les hommes en état de marcher. Avant la nuit, j’entends que nous ayons mis au soleil les tripes de ces gueusards. Vous, tombez sur les officiers et les soldats. Moi, je me charge du Roi des Païens.

— Roi, dit la reine, ne faites pas bataille contre le Roi des Païens. Sur lui, le fer et l’acier trempé perdent tout pouvoir. Il ne mourra que par l’épée de saint Pierre. Mais il y a beau temps que saint Pierre l’a cachée ; et il ne reviendra pas du paradis, pour dire où il faut la chercher. »

Le roi se mit à rire.

— « Femme, tout-à-l’heure je saurai si l’on t’a dit vrai. Monte, avec notre enfant, à la plus haute tour du château. Là, vous serez à l’aise, pour me voir faire bataille contre le Roi des Païens. — Allons, valets ! Vite, mon