Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
CHÂTIMENTS


partir. Mais il alla se cacher, en secret, tout proche de la maison du Forgeron du Pont-de-Pîle, dans une meule de paille, d’où il voyait et entendait tout, sans être ni vu ni entendu.

Au coucher du soleil, le Forgeron du Pont-de-Pîle ferma boutique. Mais l’Apprenti se méfiait. Il ouvrait les yeux et les oreilles. Quand les étoiles marquèrent onze heures, le Forgeron du Pont-de-Pîle ouvrit doucement la porte de sa maison, et regarda partout si personne ne le guettait. Alors, il imita le chant du grillon.

— « Cri cri cri. Viens, ma fille. Viens, Reine des Vipères. Cri cri cri.

— Père, je suis ici. »

La Reine des Vipères était longue et grosse comme un sac de blé, avec une fleur-de-lys noire sur la tête. Le père et la fille se caressaient, et se mangeaient de baisers.

— « Eh bien, père, avez-vous un apprenti ?

— Fille, j’en aurai un dans trois jours. C’est le fils d’une veuve de La Côte. Il est fort, adroit et hardi.

— Père, je l’ai vu. J’en suis amoureuse.

— Eh bien, fille, je vous marierai quand il aura l’âge. Maintenant, va-t-en. Minuit est proche, et je n’ai que le temps de me préparer. »

La Reine des Vipères partit. Aussitôt, le forgeron du Pont-de-Pîle descendit au bord de la