Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
ET VENGEANCES


— « Méfie-toi. Tu ne t’es pas chargé d’un petit travail. Tâche de ne rien dire, de ne rien faire, qui donne à comprendre ce que tu veux. »

Enfin, le capitaine arriva dans le pays de son père. Sur la route, un vieux pauvre cheminait, le bâton à la main, la besace sur le dos.

— « La charité, monsieur, s’il vous plaît, pour l’amour de Dieu et de la sainte Vierge Marie. Pater noster, qui es in cœlis, sanctificetur

— Tiens, pauvre. Prends cet écu, et prie le Bon Dieu pour moi.

— Merci, monsieur. Vous serez obéi.

— Dis-moi, pauvre, quel est le roi qui commande en ce pays ?

— Monsieur, le roi qui commande en ce pays, depuis vingt-et-un ans passés, est une franche canaille. La reine vaut aussi peu que lui. Parlez-moi de l’ancien roi. En voilà un, qui était juste et aumônier. Qui sait ce qu’il est devenu ?

— Est-il mort ?

— Monsieur, je le crois. Pourtant, je n’en suis pas sûr. Un jour, le brave homme n’a plus reparu. Alors, le galant de la reine a tué toutes les filles de l’ancien roi. Ce n’est pas dommage. Elles seraient devenues pires que leur mère. Le galant de la reine a épousé sa maîtresse, et tous deux commandent, pour le malheur du pays. »