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CHÂTIMENTS


— « Chantez, princesse. Chantez encore. »

Et la jeune fille chantait, si doucement, si doucement, que le garçon se disait, en la regardant :

— « Celle-là sera ma femme. Sinon, je suis capable de faire de grands malheurs. »

Enfin, les visiteurs retournèrent à leur château. Alors, le garçon devint bien triste. Mais le vieux roi n’avait jamais été si content.

— « Les voilà donc partis, dit-il, le soir à souper. Dieu les conduise, et veuille qu’ils ne reviennent pas de longtemps. »

Le jeune homme devint pâle comme un mort.

— « Père, je vous en prie, ne parlez plus ainsi. J’aime la princesse, plus que je ne puis vous dire. Si vous me la refusez pour femme, je suis capable de faire de grands malheurs.

— Imbécile ! Les accordailles sont faites. Tu ne l’as donc pas compris ? Demain soir, nous partons tous pour le château de ta belle. Dans huit jours, je veux la voir commander ici.

— Merci, père. Que le Bon Dieu vous bénisse ! »

La reine écoutait, sans rien dire. Elle sortit, et revint un moment après. Le père et le fils trinquaient en riant.

— « Allons ! mon ami. À la santé de ta belle.

— Roi, dit la reine, pourquoi ne trinquez-vous pas à ma santé ?