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VIE ET ŒUVRE

le vrai texte : « Si ton frère a péché contre toi, etc. », qu’il lui montra même sur l’Évangile. Alors le moine passa à un autre sujet de conversation. Seul le Père Pimen, comme la première fois, toucha Tolstoï par sa simplicité et sa naïveté. Beaucoup de pèlerins s’adressaient à lui, mais cela l’ennuyait. Un jour, en sortant de sa cellule pour se rendre à l’église, il aperçut un groupe de pèlerins qui venaient à sa rencontre ; alors, retroussant sa soutane, le vieillard prit sa course à travers les jardins, pour échapper à ses visiteurs.

Au retour, Tolstoï changea l’itinéraire de son voyage. Il revint chez lui par Kalouga, où il prit le chemin de fer pour Toula, et de là, en voiture, à Iasnaïa-Poliana.

Ici la vie suivait son cours ordinaire. Le 21 juin, Tolstoï inscrit dans son journal quelques notes sur ses hôtes :

« Les Bestoujev ; deux frères : le professeur, gâté par la science. C’était un brave homme, maintenant il est professeur, fonctionnaire, écrivain slavophile, et n’est que le souvenir d’un homme. On parlait de la religion, du meurtre à la guerre. « Je ne puis pas tuer, mais je puis libérer le peuple. » C’est-à-dire que pour lui la logique n’est pas obligatoire. L’article de Havet est très instructif. Le point de vue faux de Renan est amené par Havet jusqu’à l’absurdité. »

« 26 juin. Dix pèlerins. Un vieux de 68 ans, aveugle, avec sa vieille ; grand, maigre, remuant, ressemble à l’aveugle Bolkine. Il se plaint des paysans. Ils lui ont pris terre, maison (pour l’enterrer)