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11 juin. Son séjour n’y fut pas long, trois ans plus tard, le roi d’Espagne Charles II le transféra à l’archevêché de Cambrai. Il prit possession de ce nouveau siége le 20 octobre 1675, reçut le pallium deux jours plus tard, à l’abbaye de Brogne, et arriva à Cambrai le 10 novembre suivant. Ce fut sous son épiscopat que Louis XIV s’empara de cette ville, le 5 avril 1677. Bryas gagna bientôt les bonnes grâces du roi tant par sa conduite exemplaire que par son inépuisable charité. Voici comment l’historiographe Pélisson, dans une lettre écrite du camp de Condé le 15 mai 1677, dépeint le prélat : « Personne, dit-il, n’est ici plus à la mode que l’archevêque de Cambrai; et, ce qui vous surprendra, c’est par une chose qui n’est peut-être pas trop à la mode, qui est de faire admirablement bien son devoir d’évêque; mais la grande vertu se fait toujours admirer. M. de Louvois, le chevalier de Nogent, et tous les autres qui ont été avec lui à Cambrai, durant quelques jours, ont rapporté tant de bien de ce prélat que le roi a dit publiquement qu’il en était ravi. Il se lève dès quatre ou cinq heures du matin, va dire la messe, passe tout le reste de la matinée dans l’église, soit aux offices ou en oraison; donne à dîner, à qui veut, au sortir de là, en vaisselle d’étain fort nette, et de bonnes viandes, mais sans aucun excès, ni pour la délicatesse, ni pour la quantité; passe l’apres-dînée à visiter des malades, ou des prisonniers, ou d’autres affligés; excepté qu’il rend visite soigneusement au moindre capitaine d’infanterie qui a été chez lui; fait beaucoup d’aumônes, et ne laisse personne dans Cambrai sans l’assister, au moins sans lui aller donner sa bénédiction... » De Bryas administra l’archevêché de Cambrai pendant vingt ans, aimé et vénéré de tout son troupeau. Il mourut dans sa ville archiépiscopale, à l’âge de soixante-quatre ans, et fut enterré dans sa cathédrale, où on lui éleva un tombeau revêtu de ses armoiries et d’une élogieuse épitaphe.

Ses armoiries étaient d’or, à la fasce de sable, surmontée de trois cormorans de même, ibecqués et membres de gueule; sa devse portait : Difficiliora quæ pulchra.

E.-H.-J. Reusens.

Foppens, Belgica sacra, ms. — Le Glay, Cameracum christianum, p. 72.

BRIAS[1] (Louis-Antoine, comte de), fils de Frédéric-Jean-Joseph, comte de Brias, seigneur de Hollenfeltz, et de Marie-Françoise, baronne de Cassal et de Bomal, né à Luxembourg le 15 novembre 1781, s’engagea volontairement le 6 novembre 1806, au 27e régiment de chasseurs à cheval, commandé par le duc Prosper-Louis d’Arenberg et qui comptait unn si grand nombre de Belges dans ses rangs. Le 23 avril 1807, il reçut l’épaulette de sous-lieutenant et rejoignit l’armée d’observation, cantonnée dans la Poméranie suédoise, sous le maréchal Brune. Le bombardement de Copenhague, en 1808, amena le 27e chasseurs à cheval en Danemarck, d’où il fut dirigé, l’année suivante, sur l’Espagne; il y séjourna pendant toute l’occupation française. Brias assista à un grand nombre de combats et aux batailles de Talavera et Vittoria. Il fut créé chevalier de la Légion d’honneur, le 6 novembre 1810, et nommé capitaine adjudant-major au mois d’août 1811. Son régiment quitta la Péninsule, après la défaite de Vittoria; compris dans le quatorzième corps, il prit une part glorieuse à la campagne d’Allemagne. Brias, parvenu au grade de commandant d’escadron, fut licencié après les désastres de 1814. Il revint aux Pays-Bas et, le 13 décembre, il reçut le brevet de major titulaire au régiment de cuirassiers n° 2. A la bataille de Waterloo, un boulet de canon l’atteignit et lui causa une grave blessure; le 8 juillet 1815, la croix de l’ordre Militaire de Guillaume lui fut décernée. Il passa au 8e régiment de hussards en 1822; promu au grade de lieutenant-colonel le 26 novembre 1824 et à celui de colonel le 16 avril 1830, il commandait le régiment de hussards n° 8, au moment où la révolution éclata. Il rentra en Belgique, comme ses compagnons d’armes, nés sur le sol belge et un arrêté royal du 16 octobre 1831, lui conféra le grade de général et en même

  1. Cette branche de la maison de Bryas écrit son nom avec un i.