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Bruyns et celles de son mari, indiquées par M. Kramm lui-même ; nous verrons alors que la supposition de Le Blanc peut être parfaitement exacte. Bullart, dit Kramm, mourut à Arras, en 1672, âgé de soixante-treize ans ; il y a été enterré à côté de sa femme, déjà décédée, dans l’église de Notre-Dame de Foy. « Bullart, continue le même auteur, a, pendant de longues années, employé à ses frais deux artistes pour les gravures de son ouvrage, et, à la fin, son fils, Jacques Ignace, qui acheva la partie gravée. » Puisque l’Académie des sciences et des arts a demandé, nécessairement, à son auteur, de longues années de travail, Anna de Bruyns, si tant est qu’elle ait gravé, a pu exécuter non pas les portraits de l’œuvre, mais des portraits pour l’œuvre de son mari. Le livre n’a pas été publié du vivant de Bullart : il décéda en 1672 et l’ouvrage porte la date de 1682. C’est sans doute le fils, Jacques-Ignace, qui soigna la publication.

Paquot cite deux portraits gravés d’Anna de Bruyns. Sur le premier se lit l’inscription suivante, en tête : Anna Francisca de Bruyns, ætatis XXIV. Anno MDCXXIX.

Puis au-dessous :

Clarissima et eximiâ pingendi arte illustrissima Domina D. Anna Francisca de Bruyns, nobilissimi ac generosissimi Domini D. Isaaci Bullart, Regii Ordinis Equitis, Regii Vedastinorum monasterii apud Atrebates Prœloris primarii, supremi Montium Pietatis in Flandriâ et Artesiâ Prefecti, etc. De suâ effigie à se depictâ. — Peniculi norunt nostri miracula Belgæ : — Galle coles : stupuit, vidit ut Italia. — Galli, Itali, Belgæ, porro hæc mirantur et ora. — Quæ nostrâ hic etiam sunt animata manu F. Bouttats fecit A° 1648.

Sous le second portrait, on lit :

W, Hollar fecit aqua forti, A° 1648 ; Antverpiæ.

Ad. Siret.

BRY (Théodore DE), graveur et libraire, né à Liége, en 1528, mort à Francfort, le 27 mars 1598. Issu d’une famille riche et distinguée, cet artiste, dont le maître est inconnu, se vit, au milieu de sa carrière, entraîné dans les troubles religieux qui de son temps dominaient toutes autres préoccupations. Partisan des idées de la réforme introduites à Liége par quelques luthériens zélés, De Bry appuya vigoureusement leurs tendances et se compromit au point d’être livré, en 1570, à la justice et banni de la cité. Ses biens furent confisqués. Ainsi privé de toute fortune, il se rendit à Francfort et y recommença courageusement à se faire une carrière. Il y établit une librairie et y joignit un atelier de gravure qu’il alimenta jusqu’à la fin de ses jours, malgré la goutte qui, dans ses dernières années, rendit ses doigts crochus et noueux ; enfin il fit de nombreux voyages, surtout en Angleterre, et parvint à une position de fortune qui lui permit d’oublier ce que ses malheurs lui avaient fait perdre à Liége.

Toute la vie de De Bry, à part l’épisode de 1570, fut consacrée au travail. On peut s’en assurer en parcourant la nomenclature considérable de ses travaux insérée dans la Biographie liégeoise de M. Becdelièvre ; nous n’en mentionnerons ici que les principaux, en faisant remarquer que les cinq gravures suivantes attribuées au père sont du fils Jean-Théodore, savoir : L’âge d’or, d’après Abr. Bloemaert ; — L’Assemblée vénitienne, d’après Paul Véronèse, qui lui fait pendant ; — La petite fête de village, d’après H. de Sebald ; — La Fontaine de Jouvence, d’après le même ; — La Bacchanale, d’après Jules Romain ; — Diane et Actéon.

Théodore a illustré de figures le Proscenium sive emblemata vitæ humanæ ; avec Jean Prael, il a gravé les figures de l’Alphabeta et caracteres jam inde a creato mundo ad nostra, etc. Francfort, 1596. Toutes les estampes des ouvrages de Boissard sont de lui, mais ici il peut être intéressant d’entrer dans quelques développements. Au premier tome des Icones quinquaginta virorum illustrium doctrinâ et eruditione, etc. (Francfort, 1597- 1632), Théodore de Bry, dans une préface écrite par lui, détermine exactement sa part dans cet ouvrage, c’est-à-dire qu’il s’est réservé la gloire de l’avoir publié et d’en avoir gravé les portraits. Il dit ensuite que