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dire jusqu’à trois fois. Mais le texte du discours ayant été retrouvé, presque entier, dans ce dernier temps, nous l’estimons comme un bon morceau littéraire, eu égard au goût du temps. Il est certes supérieur à la réponse faite au nom des États par Jacques Maes, le pensionnaire d’Anvers. Ce qui prouve d’ailleurs, que ce début de l’orateur fut considéré comme très-heureux, c’est que depuis lors il devint l’organe habituel du gouvernement. Ainsi dans l’assemblée des États généraux tenue à Bruxelles le 12 mars 1556, il défendit le projet pour la levée du centième denier de la valeur des biens immeubles et du cinquantième denier de la valeur des biens meubles. Ainsi encore il fut chargé de demander les moyens pour défendre le territoire et de signaler les sacrifices faits par les autres États, quand la trêve de Vaucelles ayant été rompue par les Français, Philippe II réunit les mandataires des provinces à Valenciennes, le 3 août 1557.

La politique ne le détourna pas de ses études de droit : il acheva en 1558 son ouvrage sur les Conditions qu’il avait commencé à Malines. C’est le premier traité spécial sur cette matière, qu’il a tiré de la confusion dans laquelle les auteurs l’avaient laissée; les questions les plus difficiles des contrats et des testaments y sont expliquées d’une manière lucide et le livre, réimprimé en 1659 et 1700, a établi sa réputation de bon jurisconsulte. A partir de l’année 1560 jusqu’à sa mort, Brusselius prit une part plus large encore au gouvernement de son pays. Il assista régulièrement aux séances très-longues, très-laborieuses que le conseil d’État tint pendant cette époque si mémorable, si orageuse, du XVIe siècle, et ce avec les premiers personnages de l’État et très-souvent sous la présidence des gouverneurs généraux. Lui et Christophe d’Assonleville (voir ce nom) exercèrent alors une grande influence dans les conseils des gouvernements; tous les deux jurisconsultes très-instruits, ils rédigèrent à peu près tous les rapports, toutes les dépêches, lettres et proclamations qui émanèrent du pouvoir. Le secrétaire Berty constate son appel au conseil d’État à partir du 8 mars 1560 (n. s.) en indiquant les travaux dont on l’a chargé. Aussi, dès le 19 avril 1562, fut-il au nombre des candidats proposés pour la place de trésorier de la Toison d’Or; mais Charles Tisnacq l’emporta sur lui. Sa personne et se plume paraissent dans toutes les phases de la fameuse question du Compromis des nobles. C’est lui qui rédigea et fit adopter la réponse de Marguerite à la première requête des confédérés, 6 avril 1565. Il était d’avis qu’on exécutât avec modération les placards sur l’hérésie (séance du 6 avril 1565); que l’autorité du roi ne devrait pas être soumise au consentement des états; que le conseil d’État ne devrait pas être réorganisé et devrait avoir l’autorité et superintendance supérieure et des finances et de tous aultres consaulx (séance du 23 avril 1566); que grand bien résulterait de l’arrivée du roi, non accompagné de troupes étrangères (séance du 24 avril 1566); que la suppression de l’inquisition (moyennant que l’office des évêques demeurât stable) et la modération des placards, serait le souverain remède (séance du 9 juillet 1566); qu’on devrait donner quelques contentements aux confédérés et ne pas assembler les États généraux, cette dernière chose étant trop longue et ne remédiant pas assez vite au mal (séances des 9 juillet et 22 août 1566); qu’on devrait laisser partir les hérétiques sans les molester pour le passé (séance du 17 février 1566). Lorsque, au mois de juillet, les confédérés présentèrent leur ultimatum à la Régente, celle-ci le députa vers eux avec le comte d’Egmont et d’Assonleville pour les entendre dans leurs explications. Enfin, dans la séance du 31 décembre 1566, d’Arschot, Berlaimont, d’Egmont, Mansfeld, de Meghem, Viglius, d’Assonleville et Brusselius prirent l’engagement de se lier irrévocablement à la cause catholique, à celle du roi, et d’employer la force contre le parti révolutionnaire.

A l’arrivée du duc d’Albe, Brusselius conserva ses fonctions et continua à être l’un des serviteurs les plus dévoués du parti espagnol. Dans l’assemblée des États généraux réunie le 21 mars 1569, en présence du duc, il fut derechef l’or-