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la pratique des affaires publiques. D. Baltazar de Zuñiga, qui fut successivement ambassadeur de Philippe III à Bruxelles, à Paris et à Vienne, l’attacha à sa personne; pendant, sept années, il travailla sous les ordres de ce diplomate. Il resta employé à l’ambassade d’Espagne en Autriche lorsque, en 1617, Zuñiga y fut remplacé par le comte d’Oñate.

L’archiduc Albert avait de grandes prétentions à faire valoir à Vienne, à raison d’une pension qui devait lui être payée d’après un accord fait, dans l’année 1578, entre les archiducs fils de l’empereur Maximilien II, et dont l’arrière était considérable; de sa part dans la succession aux biens meubles laissés par l’empereur Rodolphe; de près de six cent mille florins dont l’empereur Mathias lui était resté redevable : pour le soin de ses intérêts, il entretenait un résident à la cour impériale. Jacques de Zélandre, qui remplissait cette charge, étant mort le 29 avril 1619, Albert, au mois de mai suivant, nomma Bruneau à sa place. Celui-ci s’occupa, avec non moins de succès que de zèle, des objets de sa mission. Il se rendit utile aussi à la maison impériale. Lors de son élection à Francfort, au mois d’août, Ferdinand II le revêtit du titre de son conseiller, et l’employa en plusieurs affaires importantes.

En 1622, Philippe IV appela Jacques Bruneau à remplir les fonctions de secrétaire d’État près le conseil suprême de Flandre qu’il venait de rétablir à Madrid. Bruneau quitta Vienne au mois de mai; après quelque séjour aux Pays-Bas, il se rendit à son nouveau poste. Le 20 novembre 1623, le roi le décora du titre de chevalier; le diplôme qui le lui confère rappelle, dans des termes infiniment honorables pour lui, les services qu’il avait rendus à la monarchie et aux archiducs Albert et Isabelle. L’année suivante, ce monarque l’envoya en Angleterre, pour y surveiller surtout les mouvements que se donnaient les Hollandais afin d’obtenir l’appui du roi Charles Ier. Il y resta jusqu’au commencement de 1626.

Quoique, depuis nombre d’années, Bruneau fût presque toujours absent des Pays-Bas, il faisait partie de la chambre des comptes de Lille, où il avait été admis, en qualité de conseiller maître ordinaire, le 25 mai 1620. La présidence de ce collége étant venue à vaquer, l’infante Isabelle la lui conféra le 5 novembre 1627; il n’en prit toutefois possession que le 25 février de l’année suivante, l’infante, dans cet intervalle, l’ayant envoyé au duc de Bavière, pour engager ce prince à faire entrer l’armée de la ligue catholique, sous le commandement de Tilly, dans la Frise orientale. De Munich, il alla conférer, à Vienne avec les ministres impériaux.

Ce fut à la suite de cette mission, et sur les propositions mêmes de Bruneau, que Philippe IV résolut de secourir l’empereur et la ligue catholique de huit cent mille écus par an, à condition que Ferdinand II publiât un ban contre les Hollandais; qu’il rompît expressément avec eux, ainsi que la ligue catholique; qu’il ne se fît de paix en Allemagne sans que l’Espagne y fût comprise, par rapport à la guerre qu’elle avait contre les Provinces-Unies; enfin que les rivières fussent fermées au commerce de ces provinces : en même temps il chargea l’infante Isabelle de renvoyer Bruneau à la cour impériale, afin d’y aider le marquis d’Aytona, son ambassadeur. A la réception de la dépêche du roi (mars 1628), l’Infante fit partir Bruneau pour Prague, où Ferdinand se trouvait. Après qu’il eut traité, avec ce monarque et avec Wallenstein, les affaires dont il avait à les entretenir, il revint à Bruxelles.

Sur de nouveaux ordres du roi, le 16 février 1629, il repartit pour l’Allemagne. Philippe IV avait nommé le comte d’Ocastro son ambassadeur extraordinaire vers le roi de Hongrie, Ferdinand, fils aîné de l’empereur, pour le féliciter sur le mariage qu’il venait de conclure avec l’infante dona Maria; il avait recommandé à cet ambassadeur de ne négliger aucune occasion d’intéresser le jeune prince au succès des négociations que le cabinet de Madrid poursuivait dans l’Empire : il voulut que Bruneau, comme parfaitement au fait de celles-ci,