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tion des fortifications de Josephstadt et de Theresienstadt en Bohême; en 1781, il fit partie de la commission qui présida à la démolition des anciennes places de la barrière; en même temps, il fit les plans pour l’agrandissement d’Ostende (1782).

Des contestations s’étant élevées entre l’empereur Joseph II et les Hollandais au sujet de la libre navigation de l’Escaut, le lieutenant-colonel De Brou fut envoyé à Fontainebleau où, de concert avec le conseiller de cour Le Clerc, il arrêta les bases du traité du 8 novembre 1785 qui obligeait les États-Généraux de Hollande à céder à l’empereur quelques districts-frontières et à évacuer les forts de Lillo et de Liefkenshoeck. Les services importants qu’il rendit en cette circonstance lui valurent le grade de colonel (6 décembre 1785); bientôt après il succéda au général Thomerot dans la direction générale des fortifications et du corps du génie à Bruxelles.

Le traité de Fontainebleau n’avait cependant pas fait disparaître toutes les difficultés qu’il avait eu pour but de résoudre et l’attention de l’empereur Joseph II dut se porter sur la situation critique de l’écoulement des eaux du Nord des Flandres. Cet écoulement, de plus en plus difficile à travers la Zélande, était souvent complétement entravé d’un côté par l’envasement successif du Brackman et du Zwyn et de l’autre par les Hollandais qui, possédant les écluses établies sur ces criques, s’en faisaient des armes dont ils appuyaient leurs menaces dans toutes les circonstances politiques. Joseph II comprit l’odieuse et terrible servitude que les Hollandais imposaient à une partie de ses sujets. Indigné de l’abus que ces voisins faisaient d’un avantage de position dans toutes leurs relations avec son gouvernement, il prit la résolution de s’affranchir à jamais d’une dépendance aussi humiliante que préjudiciable aux intérêts des Flandres, et, dans ce but, il conçut l’idée de créer des moyens d’écoulement entièrement en dehors du sol étranger. Afin de réaliser ce grand projet, il chargea des ingénieurs auliques de l’étude des lieux et de l’exécution des travaux, sans l’intervention des États de Flandre. A cet effet, il chargea le colonel De Brou, de rechercher les voies les plus propres à conduire les eaux des Flandres directement à la mer. Malheureusement, dès le début des opérations, une triste rivalité vint paralyser les bonnes intentions du monarque. L’envoi d’ingénieurs étrangers fut pour les États un motif de plainte; ils prétendirent que c’était un empiétement de la Cour sur leurs prérogatives; les ingénieurs civils y virent à leur tour un manque de confiance dans leurs connaissances.

Cependant, malgré les obstacles que cette division fit surgir autour du colonel De Brou, son projet fut mis à exécution. Ce projet consistait : 1° dans le creusement d’un canal longeant la frontière hollandaise et connu aujourd’hui sous le nom de Canal de Brou, ainsi que dans l’établissement de l’écluse de Hazegras, dans le Zwyn, sur le territoire belge. Il couvrit cette écluse d’un fortin. Le canal devait recevoir une partie des eaux dont l’écoulement avait lieu précédemment par le territoire hollandais; 2° dans le creusement de canaux latéraux à celui d’Ostende et dans la construction des écluses de Plasschendale, Zandvoorde et Vingerlinck, qui toutes trois ont été exécutées.

Ces ouvrages étaient destinés, conjointement avec les criques des Scharrelanden et le port d’Ostende, à évacuer les eaux des terres, des canaux d’écoulement des deux Flandres, de la Lys et de l’Escaut. Ce projet fut mis à exécution presque sur tous les points, mais soit qu’il ne répondit pas à l’attente publique, soit que les intrigues pour le faire échouer eussent pris le dessus, la grande pensée de Joseph II dut céder devant les plaintes des États souverains et les travaux furent suspendus. Ils ne furent repris que bien des années après, lors de l’établissement du canal à la mer du Nord.

La révolution brabançonne vint, à cette époque, détourner l’attention du gouvernement sur des sujets plus graves. Le colonel De Brou fit partie du Conseil d’État qui délibérait sur les mesures à prendre dans les circonstances difficiles où l’on se trouvait; il exerça dans cette réunion une grande influence que plus tard on lui