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béatification, un résumé de la vie des bienheureux et l’histoire de leur martyre. Ce petit ouvrage, imprimé à Rome, chez Mancini, en 1675, porte le titre suivant : Compendio della prigionia, patimenti e morte gloriosa dei beati martiri di Gorcom ; vol. in-8o de 101 pages. L’opuscule est dédié à Jean Gauthier Slusius, secrétaire des brefs, devenu plus tard cardinal. De retour en Belgique, le P. De Broeyer continua à se concilier l’estime générale. Aussi l’épiscopat belge et les souverains jetèrent-ils plus d’une fois les yeux sur lui pour le proposer à des évêchés vacants. Malheureusement sa fin prématurée ne leur permit pas de mettre leurs desseins à exécution. Broeyer mourut à Bruxelles à l’âge de quarante-quatre ans, et fut enterré dans l’église du couvent ; on plaça sur son tombeau une épitaphe pompeuse reproduite dans la Chorographia sacra Brabantiæ de Sanderus, III, p. 117.

E.-H.-J. Reusens.

Sanderus, Chorographia sacra Brabantiæ, III, p. 117. — Goyers, Supplementum Bibliothecæ Belgicæ, Ms de la Bibliothèque royale, no 17607.

*BROGLIE (Maurice-Jean-Madeleine, prince DE), évêque de Gand, né au château de Broglie en Normandie, le 5 septembre 1766 et mort à Paris le 20 juillet 1821, était fils du dernier maréchal de ce nom, le vainqueur de Bergen. Sa famille, originaire de Chieri en Piémont, s’était illustrée depuis des siècles en Italie, quand elle vint, sous Louis XIII, s’établir en France, où plusieurs généraux et diplomates du premier mérite lui valurent une illustration plus grande. Le jeune Maurice que de sages parents laissèrent entièrement libre dans le choix d’un état, voyait s’ouvrir devant lui plus d’une carrière brillante, quand il se décida pour celle de l’Église. Il entra de bonne heure au séminaire de Saint-Sulpice, où, sous l’intelligente direction de l’abbé Eméry, il fit avec succès ses études théologiques. Si au commencement de la révolution son inexpérience et la générosité de son caractère le portèrent à s’y montrer favorable, les conseils de son père et la tournure que prenaient les événements l’eurent bientôt désabusé. Il émigra et, après avoir reçu la prêtrise à Trèves, il rejoignit le maréchal à Berlin, où le roi de Prusse qui l’aimait, lui fit obtenir la prévôté du chapitre de Posen dans la Pologne prussienne. Cependant, comme les habitudes et le climat du pays ne pouvaient lui convenir, il rentra en France en 1803 et fit quelques démarches pour recouvrer des bois non vendus qui appartenaient à sa maison. Napoléon le sut et, comme il avait à cœur de réunir autour de son trône les familles distinguées de l’ancienne monarchie, il se montra favorable à la requête de l’abbé De Broglie, le nomma son aumônier et peu après (avril 1805) évêque d’Acqui en Piémont. Maurice, qui était loin d’ambitionner ces faveurs, allégua en vain la faiblesse réelle de sa santé ; il fut sacré à Paris par le cardinal-légat, le 17 novembre ; mais le climat d’Acqui lui étant aussi défavorable que celui de Posen, il obtint deux ans plus tard sa translation à Gand. Heureux de trouver son nouveau diocèse bien organisé et déjà doté des établissements religieux les plus nécessaires par l’intelligente activité de son prédécesseur, Mgr Fallot de Beaumont, il commença son administration sous les meilleurs auspices. La bienveillance que lui témoignait encore Napoléon donnait un poids nouveau aux sages mesures du prélat ; malheureusement elle ne pouvait longtemps durer, le nouveau César publiant, coup sur coup, des décrets qui empiétaient sur les droits de l’Église et qu’il était impossible à l’évêque d’approuver. Une lettre du ministre des cultes lui reprocha, dès le 10 août 1809, son peu d’attachement à l’empereur et rappela son grand vicaire, le sage abbé Le Surre, qui ne méritait pas, disait-on, sa confiance. Maurice réclama vainement. Nommé membre de la Légion d’honneur, l’année, suivante, il n’hésita pas à refuser cette distinction, parce que le serment que prêtaient les légionnaires lui parut impliquer l’approbation de la récente usurpation des États romains. Peu de temps après, Napoléon l’apostropha durement à ce sujet dans une audience et comme le prélat lui répondit, sans crainte, que sa conscience s’opposait à ce qu’on demandait de lui, l’empereur lui dit brutale-