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tance ; l’évêque de Salamanque allait en leur compagnie. Le 9 Charles atteignit Medina de Pomar ; il y séjourna jusqu’au 11. Le 12, à Pesadas, il eut la visite du connétable de Navarre. Le jour suivant il entra à Burgos. Le connétable de Castille et de Léon, D. Pedro Fernandez de Velasco, duc de Frias, qui tenait sa résidence dans cette ville, voulait, lui faire une réception solennelle ; il s’y refusa. Il donna audience, à Burgos, à D. Beltran de la Cueva, duc d’Albuquerque, vice-roi et capitaine général de Navarre, qui lui rendit compte d’une négociation secrète dont il l’avait chargé avant son abdication : l’objet de cette négociation était de détacher Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, du parti de la France, et de l’engager à joindre ses troupes à celles de l’Espagne. Le 16 octobre il se remit en route, accompagné du connétable de Castille et de D. Francés de Beamonde, venu à sa rencontre avec la garde royale à cheval qu’il commandait. Il coucha successivement à Celada, à Palenzuela, à Torquemada, à Duenas, à Cabezón, où il avait invité à se rendre le prince D. Carlos, qu’il était très-désireux de voir, car il ne le connaissait pas encore. Le 21, dans l’après-midi, il arriva à Valladolid : D. Carlos, avec l’amirante de Castille, le comte de Benavente, le marquis d’Astorga, les ducs de Nájera et de Sesa, les prélats qui se trouvaient à la cour, le corrégidor et tout l’ayuntamiento, vint au-devant de lui jusqu’à une certaine distance de la ville. Il logea en la maison de Ruy Gomez de Silva, le palais, suivant ses intentions, ayant été réservé pour les reines douairières de France et de Hongrie. Il passa deux semaines à Valladolid. Pendant ce temps il put juger du caractère et des inclinations du jeune prince qui était destiné à continuer sa dynastie ; l’impression qu’il en reçut fut loin de le satisfaire. Il avait apporté des Pays-Bas un poële pour échauffer sa chambre. Ce meuble n’était pas connu en Castiile ; D. Carlos lui témoigna le désir de l’avoir, et il y mit une telle insistance que son grand-père fut obligé de lui répondre : « Tu l’auras quand je serai mort. » Charles-Quint conféra, à Valladolid, avec fray Juan de Ortega, avec fray Francisco de Tofiño, qui avait remplacé celui-ci dans le généralat des hiéronymites, et avec le prieur de Yuste, sur l’organisation de son service religieux dans le monastère. Il désigna, pour être son confesseur, fray Juan Regla, du couvent de Santa Engracia de Saragosse, qu’il avait envoyé au concile de Trente au nom du royaume d’Aragon ; pour prédicateurs il choisit fray Francisco de Villalva, du couvent de Zámora, qui avait aussi assisté au concile ; fray Juan de Açaloras, profès de Notre-Dame de Prado, près de Valladolid, et fray Juan de Sant Andrés, du monastère de Santa Catalina à Talavera : le premier était renommé par son savoir et sa doctrine, les trois autres par leur éloquence. Le général lui promit de faire venir de diverses maisons de l’ordre les religieux qui étaient doués de la plus belle voix pour servir de chantres en l’église du monastère[1].

Le 4 novembre, ayant fait ses adieux aux reines ses sœurs, à la princesse doña Juana et au prince son petit-fils, Charles prit le chemin de l’Estrémadure. Il ne souffrit qu’aucun des grands ni des personnages de la cour, ni les cavaliers de D. Francés de Beamonde, l’accompagnassent dans cette seconde partie de son voyage ; il ne voulut d’autre escorte que celle des hallebardiers venus à sa suite des Pays-Bas[2]. Le 5 il s’arrêta Medina del Campo, dont il ne put empêcher l’ayuntamiento de se porter à sa rencontre ; mais il manifesta sa joie de ce que dorénavant il ne serait plus importuné de pareilles réceptions[3]. Il coucha le 7 à Peñaranda de Bracamonte, le 8 à Alaráz, le 9 à Gallejos de Solmiron, le 10 à Barco de Avila, le 11 à Tornavácas.

  1. Retraite et mort, etc., t. I, pp. 1-31, 425 ; t. II, pp. 10, 17, 95-105. — Mignet, Charles-Quint, etc., pp. 134-158. — Don Carlos et Philippe II, t. I, pp. 19-23.
  2. De quatre-vingt-dix-neuf qu’ils étaient à leur départ des Pays-Bas, ces hallebardiers n’étaient plus que quatre-vingt-neuf : dix étaient morts en route.
  3. « ….. Va descansado de que desde alli adelante no tendre importunidad de recebimiento », écrivait Quijada, le 5 novembre, au secrétaire Vazquez. (Retraite el mort, etc., t. I, p. 33.)