Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 3.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

désert et la Fuite en Égypte. Cette dernière était, un don de Ferdinand, archiduc d’Autriche. Paul Bril a peint à fresque, sur cuivre, sur toile, sur bois et même aussi sur marbre. Sos dessins sont peut-être aussi estimés que ses tableaux; il les terminait avec le fini le plus précieux; mais il faut bien remarquer que, quelque achevées que soient ses œuvres, elles n’ont rien de léché et ne perdent point de leur largeur. La fameuse collection de M. Crozat, décrite par Mariette, contenait cent et vingt-sept dessins du maître, parmi lesquels on en remarquait quelques-uns à l’encre de Chine sur vélin. Un d’entre eux, exécuté à Rome, en 1604, était un cadeau que Bril avait fait à son ami, Paul van Halmale, l’amateur anversois renommé. Paul Bril a gravé à l’eau-forte, avec une pointe large et facile; ses estampes sont rares; elles n’ont parfois d’autre signature que ses initiales. Dans la suite des gravures de Van Nieulant d’après le maître, il y a quatre paysages de Paul lui-meme; puis deux paysages marqués Paulus Bril inv. et fec. Vicenzo Censi formis Romæ; l’Hermitage; Joan Orlando forma; les Deux voyageurs : Paulus Bril Invent. et Fecit 1590. Nicolo van Aelst formis; le Trompeau sur la montagne, marquée comme la précédente; enfin, huit paysages octogones dont le premier est marqué de l’adresse : Jo. Jacomo Rossi formis Romæ 1648. En outre, Sandrart attribue encore au même auteur une grande planche, le Campo Vaccino, avec ruines et figures, et gravée d’après un de ses plus beaux tableaux; mais cette estampe est introuvable. Peu d’artistes ont été plus gravés que Paul Bril; une des principales, sinon la principale suite, a été gravée d’après lui, par son élève Guill. van Nieulant; elle se compose de soixante planches et rend admirablement les qualités du maître qu’on peut étudier à fond dans cette suite. Parmi ses graveurs, citons encore Luc Vosterman, C. Galle, Le Bas, les Sadeler, Prenner, H. Hondius, comte de Caylus, W. Hollar, Mérian, Perelle, Weisbrod, Stock, etc., etc. Son portrait est parmi la célèbre collection des Cent gravés par Van Dyck.

Ad. Siret.

BRIMEU (Charles DE), comte de Megen[1], seigneur d’Humbercourt, chevalier de la Toison d’or, homme de guerre, mort à Zwolle, le 8 janvier 1572. Charles de Brimeu servit dans les armées de l’empereur Charles-Quint; il était déjà un des généraux des troupes impériales lorsque, en 1553, elles combattirent les Français à Falmas. En 1554, il fut revêtu de la charge de super-intendant de Thionville d’où il seconda énergiquement les opérations de Martin van Rossem contre les Français; il prit et détruisit le château de Cutange, mais ayant été atteint de la peste qui décimait alors l’armée, il dut rester étranger au reste de la campagne. Rétabli de cette terrible maladie, il reçut de l’empereur le gouvernement du Luxembourg, devenu vacant par la mort de Van Rossem; il obtint, en même temps, la patente de chef et capitaine d’une bande d’ordonnance de trente hommes d’armes et soixante archers. Sur la proposition du cardinal Granvelle, il fut nommé, en 1558, lieutenant et capitaine général du Hainaut; puis, lors de la répartition des hauts emplois faite par le roi Philippe II, en 1559. avant de quitter les Pays-Bas, il obtint le gouvernement de la Gueldre et du comté de Zutphen.

Le comte de Megen joua un rôle important dans les premiers événements de l’époque des troubles. Il entra d’abord dans la ligue contre le cardinal Granvelle; il était d’accord avec le prince d’Orange, les comtes d’Egmont et de Hornes, lorsque ces seigneurs annoncèrent ouvertement à la gouvernante des Pays-Bas qu’ils ne voulaient pas soutenir l’inquisition[2] et qu’ils quitteraient plutôt le conseil que de la favoriser; mais lorsqu’il eut reconnu que le prince d’Orange, de même que les comtes d’Egmont et de Hornes, avaient des projets plus vastes que ceux auxquels il s’était d’abord associé, lorsqu’il eut constaté enfin qu’indépendamment de la liberté de conscience qu’ils étaient unanimes à réclamer, ces seigneurs voulaient le ren-

  1. Megen, seigneurie située sur la rive gauche de la Meuse, formant la limite entre la Gueldre et le Brabant.
  2. Lettre de la régente, du 25 juillet 1563.