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les bannit d’Augsbourg et de l’Allemagne, après leur avoir fait prêter serment qu’ils ne rentreraient point dans la ville ni dans son district, ni ne traiteraient dorénavant avec les bourgeois, par lettres ou autrement, de choses concernant la religion. Le grand conseil de la cité approuva cette expulsion des prédicants, sans contradiction d’un seul des quatre cents membres dont il se composait[1]. Des mesures semblables furent prises dans plusieurs villes de la Souabe où une résistance sérieuse n’était pas à craindre[2]. En ce temps aussi Charles s’accorda avec le nouveau duc de Wurtemberg, Christophe[3], s’engageant à lui rendre les forteresses de son pays qui, depuis le traité d’Heilbronn, étaient occupées par des troupes espagnoles.

Avant de se séparer, Charles et Ferdinand étaient convenus des moyens qu’ils emploieraient afin de faire agréer des électeurs les arrangements conclus le 9 mars touchant la succession à l’empire. Ferdinand s’était chargé de négocier avec le duc Maurice et le marquis de Brandebourg, Charles avec les quatre électeurs du Rhin. Les lettres et les instructions des personnages à députer vers les électeurs devaient être écrites au nom de l’empereur et du roi des Romains conjointement et porter les signatures de l’un et de l’autre; il y aurait, outre des instructions générales, des instructions particulières appropriées à la situation et aux intérêts de chacun des princes qui formaient le collége électoral[4]. Les choses se passèrent ainsi que cela avait été réglé entre les deux frères. Ferdinand choisit, pour aller vers les électeurs de Brandebourg et de Saxe, le comte Albert de Schlick, son conseiller et sommelier de corps de Bohême; Charles envoya à l’électeur palatin le conseiller Gérard Veltwyck, aux archevêques de Mayence et de Cologne le vice-chancelier de l’Empire Seldt, et le seigneur de Lyere à l’archevêque de Trèves. Maurice et le marquis Joachim, qui s’étaient concertés, répondirent au comte de Schlick que, sans en avoir conféré avec leurs collègues, il leur était impossible de traiter une affaire d’une aussi haute, importance que celle de la succession à l’empire[5]. Charles comptait beaucoup sur l’électeur palatin; il espérait que son exemple entraînerait les autres électeurs du Rhin; la reine Marie, en retournant aux Pays-Bas, l’avait visité à Heidelberg, et n’avait rien néglige pour le disposer favorablement. L’attente de Charles fut déçue. Le comte Frédéric dit à Veltwyck qu’il avait toujours été et voulait demeurer toute sa vie serviteur de l’empereur, mais qu’avant de donner suite à ce qui lui était proposé, son serment l’obligeait d’en communiquer avec les électeurs ses collègues[6]. Seldt reçut de l’archevêque de Mayence[7] une réponse qui n’était pas plus satisfaisante : ce prince lui fit observer que l’affaire dont il venoit de l’entretenir touchait l’Empire en général; que par conséquent il convenait de la soumettre à une assemblée générale des états, ou du moins à une assemblée de tous les électeurs. Le vice-chancelier lui ayant demandé s’il croyait qu’une réunion de ceux-ci aurait l’effet désiré, il repartit franchement qu’il eu doutait, parce que le prince d’Espagne s’était rendu peu agréable aux Allemands et qu’ils ne voulaient point du gouvernement des Espagnols; il ajouta que, parmi les électeurs, il y en avait qui ne regardaient pas comme volontaire le consentement donné par le roi des Romains à la convention du 9 mars, et qui craignaient que plus tard ce monarque ne fît sentir son mécontentement

  1. Lettre de Granvelle à la reine Marie du 4 septembre 1551. (Archives du royaume.)
       Dans une autre lettre à la reine, en date du 10, où il rappelle celle expulsion des prédicants, il dit : « Ce fut du consentement du magistrat, voyre et à la sollicitation des principaux d icelluy et avec leur assurance. Vray est qu’ilz ne veullent estre alléguez, et disoient que c’estoit le seul moyen pour gaigner du tout ceste ville à la dévotion de S. M. (Archives du royaume.)
  2. Lettre du 10 septembre mentionnée à la note précédente.
  3. Le duc Ulric, son père, était mort le 6 novembre 1550.
  4. On peut voir, dans Lanz, Staatspapiere, p. 477, l’instruction secrète pour le conseiller Geinger, qui devait aller vers les électeurs de Saxe et de Brandebourg, mais qui, étant tombé malade, fut remplacé par le comte de Schlick.
  5. Lettres de Granvelle à la reine Marie des 4 et 29 septembre 1551. (Archives du royaume.)
  6. Lettre de Veltwyck à l’empereur du .. juillet 1551. (Arch. impér. à Vienne.)
  7. Sébastien de Heusenstam.