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passet de S. M., fut par ledit prince de Gavre exposé en latin comment ils étaient là envoyés de la part de son fils Philippe, prince d’Espagne, etc., lequel suppliait à Sadite Majesté être reçu en fief de l’Empire, et lui octroyer l’investiture des pays que S. M., son père, tient en fief dudit saint-empire en général, sans spécifier aucun desdits pays, étant prêt d’en faire son devoir et serment de fidélité envers S. M. et le saint-empire. Les ayant ouïs, Sadite Majesté appela l’évêque d’Arras et le docteur Seldt, et après fut répondu, au nom de S. M., auxdits comtes ambassadeurs que S. M. était prête de recevoir ledit prince, lequel fut lors amené par lesdits deux seigneurs. Et étant entré, fit trois révérences, se mettant à genoux sur le bord du passet de S. M., et les deux derrière lui, où par ledit d’Egmont fut derechef exposé plus amplement ce que ledit prince requérait. A quoi fut de S. M. répondu par ledit Seldt. Puis le prince se leva, et, approchant de Sadite Majesté, se mit encore à genoux, tenant ses deux mains sur le missel ouvert, prononçant les paroles qui lui furent prédites et leues par icelui Seldt, qui étaient le serment accoutumé, qu’il fit à S. M. Puis prit icelle l’épée impériale en ses mains, que le maréchal impérial tenait, faisant baiser audit prince le pommeau d’icelle. En après se leva et se fut remettre à genoux sur ledit passet, où par le dessus nommé prince de Gavre fut fait un beau remercîment. Ce achevé, chacun se retira[1]. »

Après la clôture de la diète, la reine Marie avait continué ses pourparlers avec Ferdinand. Le roi se montrait toujours difficile; il savait que toute la nation allemande se prononçait contre ce qu’on réclamait de lui. Les électeurs disaient ouvertement qu’il ne leur appartenait d’élire ni un coadjuteur de l’empire ni un second roi des Romains; que tout leur pouvoir consistait à élire un empereur, quand l’empire était vacant, et, en l’absence de l’empereur, alors que le besoin s’en faisait sentir, un roi des Romains; qu’aucun de ces deux cas ne se présentait actuellement; que, si l’on voulait faire un coadjuteur ou un nouveau roi des Romains, il faudrait réunir tous les princes et les états qui comparaissaient aux diètes, afin qu’ils délibérassent sur ce qu’exigeait le bien de la Germanie. Ils espéraient par-là se soustraire aux demandes de l’empereur, étant certains d’ailleurs qu’il n’obtiendrait point le consentement des états assemblés, car beaucoup de princes disaient que, plutôt que d’élire Philippe, ils s’accorderaient avec le Turc[2]. Cependant Ferdinand finit par céder[3] et, le 9 mars 1551, dans la chambre de l’empereur, où étaient avec lui le roi des Romains, le prince d’Espagne, la reine douairière de Hongrie, le roi de Bohême et Granvelle, quatre actes furent lus et signés dont nous allons faire connaître, en substance, le contenu.

Le premier était une convention entre

  1. Les lettres d’investiture de l’empereur du 7 mars furent confirmées et approuvées, le 4 avril, par Ferdinand, tanquam Romanorum rex.
  2. « ... Vero è che l’illustrissimi elettori dicono apertamente, di modoch’ é venuto : all’ orecchie delle loro Maestà, che loro non hanno facultà né de eleggir coadjutore né altro re di Romani, perché la loro podestà é di eleggir l’imperator quando vacca l’imperio, overò in absentia del imperator, ove sia il bisogno, eleggir re di Romani : delli quali dui niuno horn ocorrendo, se si vorà fare coadjutore o novo re di Romani, dicono che è bisogno riddure tutti li principi et stati del Imperio, et da quelli sia deliberato quello ch’ è utile et benefitio della Germania. Et a questo modo par’ loro di potersi scaricare et liberare dalle dimande che li fosse per fare S. M. I., lequal’, quando questo negotio venisse a trattarsi con tutto l’Imperio, sono certi che non lo obteniria, perchè sono molti principi che, più tosto che eleggir il principe di Spagna, dicono che si accorderano con el Turco... » (Dépêche de Morosini et Badoer du 15 février 1551 : Reg cité, fol. 113 v°.)
  3. Dans une lettre qu’il écrivit à l’empereur le 17 août 1553, et que Lanz a donnée t. III, p. 580, il explique ainsi le refus qu’il fit d’abord de souscrire à ce que lui demandait son frère, et l’adhésion qu’il y donna ensuite; « Certes Dieu sçait, et V. M. peult estre mémorative, que je ne le feiz pour autre intencion synon, comme à ceste heure-là je le dis et donnay en partie par escrypt à V. M., que je véoye que les inconvéniens qui se sont ensuyviz s’ensuyvroient, comme V. M. l’a veu et apperceu. Mais à la fin, voyant vostre intencion et volenté, comme obéissant frère et serviteur, vous obéiz et le feiz comme astheure-là fut capitulé et juré... »