Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 3.djvu/338

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manière. Les protestants ne faisaient point d’objections contre les articles adoptés; ils trouvaient même qu’avec un peu de bonne volonté il ne serait pas difficile de s’entendre également sur les autres. Au milieu de ces discussions, le roi des Romains arriva à Ratisbonne (20 juin); il y avait été précédé d’ambassadeurs des états de l’archiduché d’Autriche et du royaume de Hongrie qui étaient venus implorer l’assistance de l’empereur et de l’Empire contre les Turcs. Charles, le 25 juin, réunit la diète en la présence de son frère, et l’invita à s’occuper avec sollicitude d’une affaire qui était d’une si haute importance pour la sûreté de l’Allemagne. Quelques jours après, le duc de Savoie, ayant demandé audience, réclama, comme prince de l’Empire, l’intervention de la diète auprès du roi de France afin que ses pays lui fussent restitués. Des commis du duc de Clèves se présentèrent dans le même temps à cette assemblée, requérant, au nom de leur maître, l’investiture des duchés de Juliers et de Gueldre. Charles se refusa à la leur donner : il venait tout récemment de remontrer à la diète le droit qu’il avait au duché de Gueldre et qui s’appuyait sur des titres incontestables. Plusieurs des princes et des députés des villes voulurent intercéder en faveur du duc; ils supplièrent l’empereur d’avoir pitié de lui : il les reçut fort mal; il y avait cinq mois, leur dit-il, qu’il était à Ratisbonne, attendant leur résolution sur un petit nombre de points qui les regardaient, et en trois jours ils avaient résolu de demander miséricorde pour un rebelle[1]!

Ces paroles montraient son impatience de voir arriver la fin de la diète. Il avait hâte en effet de partir pour l’Italie; aussi, le 12 juillet, ayant réuni cette assemblée, il la requit, par l’organe du comte Frédéric, d’accélérer ses délibérations, car il comptait se mettre en route le 22 ou le 24. Ce ne fut toutefois que le 29 que le recez put être arrêté et publié. Les dispositions principales en étaient celles que nous allons énumérer. Les états remettaient les avis des théologiens concernant la religion au futur concile général que le pape, par son légat, avait offert de convoquer, ou, au défaut de celui-ci, à un concile national, et si l’un ni l’autre ne se célébrait, à une diète qui se tiendrait dans dix-huit mois. L’empereur était prié de faire des démarches auprès du pape pour que le concile général fût indiqué dans une ville de la Germanie. Les protestants observeraient les points auxquels leurs théologiens avaient adhéré; ils ne chercheraient à attirer personne à eux, et ne recevraient en leur protection aucun de ceux de la religion catholique. Les prélats entendraient à la réformation de leur clergé. La paix de Nuremberg s’observerait exactement. Les ecclésiastiques jouiraient des biens qu’ils avaient dans les pays des protestants, et les églises y demeureraient en leur entier. La chambre impériale et les autres justices ne connaîtraient que des causes profanes; celles qui se rapporteraient à la religion seraient renvoyées à la future diète, si des commissaires à nommer par l’empereur ne pouvaient concilier les parties. Les états accordaient la levée et la solde, pendant quatre mois, de dix mille hommes de pied et deux mille chevaux, pour secourir le roi des Romains en Hongrie; ils accordaient, en outre, pendant trois ans, une aide de vingt mille hommes de pied et quatre mille chevaux qui seraient employés contre les Turcs, sous tel capitaine général qu’il plairait à l’empereur de désigner. Défense était faite à tous gens de guerre d’aller servir hors de la Germanie sans l’autorisation de l’empereur. Était défendue aussi l’impression de tous libelles fameux et injurieux. Le recez témoignait du grand contentement qu’avaient les états de la sollicitude avec laquelle l’empereur avait dirigé les travaux de la diète; il constatait qu’il « laissait l’Allemagne et tous les États d’icelle en grande dévotion envers lui et bonne intelligence avec tous. » Il y était dit, à l’égard de la réclamation du duc de Savoie, que l’on écrirait affectueusement au roi de France, et, quant au duché de Gueldre, que les états reconnaissaient l’évident et inexcusable tort du

  1. Journal manuscrit du sieur de Herbais.