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revient l’honneur de lui avoir rendu la place qui lui est due. Il est presque certain que cet artiste fut digne de son père par son caractère et son talent. Il suffit de citer le nom de ses collaborateurs pour en être convaincu. En effet, ses paysages furent étoffés tour à tour par Rubens, Van Diepenbeeck, Van Balen, Van Tulden, Fr. Wouters et Jér. van Kessel. Lui-même orna de figures les tableaux de Josse De Momper et de Pierre van Loon. Il est encore certain que ses tableaux sont confondus avec ceux de son père, et c’est ce qui nous explique l’innombrable quantité de Breughel de Velours qui se trouvent dans les musées, entre autres les cinquante-quatre du Musée de Madrid. Cependant, on ne possédait de lui aucune œuvre qu’on pût authentiquement lui attribuer, lorsque parut le nouveau catalogue du Musée de Dresde, par M. Julius Hubner. Nous y trouvons trois tableaux catalogués sous le nom de Breughel de Velours et qui sont évidemment de son fils. Ce sont trois Paysages avec figures, signés, l’un Brueghel 1641, et les deux autres, Brueghel 1642. La date suffit pour nous éclairer. On peut donc s’assurer désormais que les éloges nombreux accordés au talent de Breughel, le jeune, sont mérités. Mais, outre ces trois œuvres, nous croyons pouvoir encore en signaler une autre, indubitablement de Jean, le jeune, si la signature est bien copiée. Il s’agit d’un Paysage avec vue sur la mer et sur le devant duquel est représentée la Continence de Scipion; il y a sur ce tableau une foule de petites figures. Cette composition se trouvait autrefois dans la galerie de Dusseldorf (depuis transférée à Munich), sous le nom de Scipion devant Carthagène; le catalogue en donnait la signature comme suit : Brveghel 1660 fec. Anversa. Non-seulement ce morceau nous rend une œuvre de Jean, le jeune, mais en même temps il nous permet d’accorder au fils autant de talent et de réputation qu’au père, car voici, entre autres, ce qu’en dit M. Ch. Blanc, dans son Histoire des Peintres; remarquons qu’il le croit de Breughel de Velours : « Personne, au contraire, ne savait dessiner une figure plus élégamment, plus juste, ni mieux d’aplomb. Breughel l’a prouvé surabondamment dans ses vues de Flandre... Mieux encore dans son fameux petit tableau de l’ancienne galerie de Dusseldorf, où il fit tenir tout le camp de Scipion l’Africain devant Carthagène, peinture d’un fini merveilleux, grande miniature à l’huile dans laquelle se meuvent une quantité innombrable de figures intéressantes et dont le principal groupe représente la Continence de Scipion. » On cite de lui une toile qui sort tout à fait de son genre, la Bataille de Calloo, livrée en 1638 et représentée en petit; puis une grande composition exécutée avec son beau-père, Abr. Janssens, et représentant la Déesse Flore au milieu de fleurs de toute espèce. Jean Breughel, le jeune, a laissé un journal d’où l’on a extrait presque tous les détails que l’on possède sur ce peintre.

Ad. Siret.

BREUGHEL (Ambroise) ou BRUEGHEL, fils de Jean de Velours, peintre de fleurs et de fruits, né à Anvers, en 1617. Il fut élève de son frère consanguin, Jean, le jeune. Il est certain qu’ Ambroise voyagea, bien qu’il ne reste aucune trace de ses voyages. A son retour à Anvers, il se fit recevoir franc maître de Saint-Luc, en 1645; fut inscrit comme fils de maître et épousa, en 1649, Anne-Claire van Triest. Deux fois il fut doyen de la corporation : la première en 1654-55, la seconde en 1671-72. Sa mort eut lieu en 1675 et celle de sa femme, en 1682; ils furent enterrés dans le caveau de famille, à l’église de Saint-George. Il est à remarquer que les dates qui se rapportent à Ambroise ont été souvent confondues avec celles relatives à son frère Jean le jeune. Ambroise se fit une réputation méritée. Parmi les musées de l’Europe, nous n’en connaissons que deux où l’on rencontre de ses œuvres : celui de Copenhague, qui possède de lui un tableau de fleurs et de fruits; celui de Vienne qui renferme deux tableaux de fleurs. L’un de ceux-ci est signé du monogramme de l’artiste et daté, selon le catalogue, de 1609. Si cette date était exactement transcrite, les deux œuvres n’appartiendraient pas à