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Danois, s’était réfugié aux Pays-Bas : tout à coup l’on apprend qu’il est allé se mettre à la tête de plusieurs milliers de lansquenets rassemblés dans l’Oost-Frise, et qu’il s’est dirigé vers la Hollande, mettant cette province à contribution, afin de la contraindre à lui fournir des vaisseaux, de l’artillerie, des munitions dont il avait besoin pour envahir le Danemark. Charles essaie de le détourner de cette entreprise; il fait à l’empereur une réponse insolente et continue ses exactions. Toutes les provinces du Nord étaient en émoi. Dans de telles conjonctures, Charles n’aurait pu s’éloigner des Pays-Bas sans donner lieu aux Belges de se plaindre qu’il s’étaient abandonnés par lui, et sans que sa réputation en souffrît des atteintes. Il se décide donc à proroger la diète au jour de l’Epiphanie de l’année suivante, en indiquant Ratisbonne pour le lieu où elle siégera. Quelque temps après, il reçoit l’avis que Christiern a fait voile pour le Danemark.

Depuis treize années il n’avait pas été tenu de chapitre de la Toison d’or, et le nombre des places qui vaquaient dans l’ordre était considérable. Charles choisit, pour y assembler capitulairement les chevaliers ses confrères, la cathédrale de Tournai : il ne connaissait pas encore cette ville dont la conquête avait jeté de l’éclat sur les premières années de son règne; c’était pour lui une occasion de la visiter. Il y fait son entrée le 28 novembre. De grandes fêtes ont lieu à cette occasion. Le 3 décembre le chapitre, s’ouvre; il commence par s’occuper d’objets concernant le régime de l’ordre, et, conformément aux statuts, il entend les critiques auxquelles les vie et mœurs des chevaliers ont donné lieu. Le chef et souverain n’échappe pas à la censure de ses confrères. Le chancelier, leur organe, dit à l’empereur qu’on le trouve lent dans l’expédition des affaires; qu’il s’occupe beaucoup de petites choses et en néglige d’importantes; qu’il ne consulte guère son conseil, d’ailleurs trop peu nombreux; que les tribunaux ne sont pas composés ainsi qu’ils devraient l’être; enfin qu’il paye fort mal et les officiers de sa maison et les gens de ses ordonnances. Ce dernier reproche était certainement le plus fondé de tous : mais était-ce la faute de l’empereur, si ses ressources étaient toujours au-dessous de ses besoins? Charles reçoit avec bonté les remontrances qui lui sont faites : il rejette la faute de la mauvaise administration de la justice sur ceux qu’il a chargés d’y pourvoir en son absence et sur ses grandes occupations; il ajoute que, manquant d’hommes assez expérimentés et assez affectionnés à son service pour qu’il pût s’en reposer sur eux, il a été obligé de se charger seul du soin de beaucoup d’affaires. Il promet d’être attentif à prévenir le renouvellement des observations qui viennent de lui être faites. Le chapitre termine ses travaux par les élections aux vingt-quatre places vacantes. Un des élus est le prince d’Espagne, don Philippe, qui n’avait encore que quatre ans et demi.

Charles revient à Bruxelles le 14 décembre. Son grand aumônier, Guillaume de Vandenesse, évêque de Coria, et Guillaume, seigneur de Montfort, son grand écuyer, étaient morts depuis peu : il remplace le premier par l’évêque de Jaën, Esteban Gabriel Merino[1], et le second par Jean de Hennin, seigneur de Boussu. Le 17 janvier 1532 il se met en route pour Ratisbonne, où il arrive le 28 du mois suivant; le roi Ferdinand l’y attendait. Le duc de Saxe, le landgrave de Hesse et leurs adhérents se refusaient à comparaître à la diète, et ils ne voulaient pas reconnaître l’élection de Ferdinand comme roi des Romains. L’empereur, qui déjà avait cherché à les ramener par l’entremise de l’archevêque de Mayence et de l’électeur palatin, autorise ces deux princes à entrer en négociation avec eux. Des conférences se tiennent à Schwernfort en Franconie, puis à Nuremberg. Les nouvelles reçues que Soliman venait d’entrer en Hongrie à la tête de trois cent mille hommes et menaçait Vienne, contribuent à hâter un accommodement. On s’accorde (23 juillet) sur les points suivants, savoir : que l’empereur, fera proclamer une paix publique par toute l’Allemagne, avec défense de molester ou inquiéter personne pour cause de religion, jusqu’à ce qu’un

  1. Il était aussi archevêque de Bari, et Charles-Quint le fit nommer cardinal en 1533.