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Il avait convoqué la diète de l’Empire à Augsbourg : le 6 juin il part pour cette ville, accompagné de Ferdinand; il y fait son entrée le 15 avec une pompe extraordinaire. Les électeurs et les princes de l’Empire qui s’y étaient réunis vont à sa rencontre; l’archevêque de Mayence lui adresse une harangue de bienvenue, à laquelle le comte palatin, Louis V, répond en son nom. De grands événements s’étaient passés depuis qu’il s’était fait voir une première fois à l’Allemagne; il reparaissait devant elle comblé de bonheur et de gloire : il avait imposé au roi de France les conditions d’une paix humiliante pour ce monarque; il avait, par les armes et par les négociations, assuré sa prépondérance en Italie. Il semblait, après cela, qu’il n’y eût plus d’adversaire qui pût lui résister. Cependant, dès le lendemain, les princes protestants lui manifestent leur mauvais vouloir : invités à l’accompagner à la procession du Corpus Christi, l’électeur de Saxe, le landgrave de Hesse, le duc de Lunebourg, le marquis Georges de Brandebourg, le comte d’Anhalt s’y refusent; ils protestent aussi contre la défense qu’il venait de faire à leurs prédicateurs de parler dans Augsbourg, et le forcent en quelque sorte de consentir qu’il n’y ait point de sermon de part ni d’autre, et qu’on se contente de lire l’Évangile et l’épître du dimanche. Le 20 juin il ouvre la diète; il lui recommande, par l’organe du comte palatin, l’observation ponctuelle de la religion catholique et l’union des forces de la Germanie contre les entreprises du Turc. Le cardinal Campeggio, légat du pape, prend ensuite la parole pour exhorter les luthériens à rentrer dans la communion de l’Église romaine. Ceux-ci avaient eu le temps de se concerter, la diète ayant été convoquée pour le 8 avril : ils présentent à l’empereur un écrit comprenant les points sur lesquels la nouvelle doctrine se séparait de la doctrine ancienne de l’Église; cet écrit, devenu célèbre sous le nom de Confession d’Augsbourg, était l’ouvrage de Melanchton; il est lu publiquement dans la séance du 25 juin. Charles-Quint charge de l’examiner des théologiens catholiques, qui le réfutent article par article; il fait donner lecture à la diète de leur travail le 3 août; mais c’est en vain qu’il s’efforce d’amener l’électeur de Saxe et ses adhérents à abjurer leurs erreurs; ils demeurent sourds à toutes ses instances. Ne voulant pas user des voies de rigueur que quelques-uns, et le légat surtout, lui conseillaient, il déclare aux protestants, le 22 septembre, qu’il leur accorde jusqu’au mois d’avril de l’année suivante, pour se déterminer sur le point de savoir s’ils veulent ou non, relativement aux articles en discussion, se réunir avec le pape, l’empereur et les princes catholiques jusqu’à ce qu’un concile dont il va solliciter la convocation ait statué à cet égard, leur faisant défense, dans l’intervalle, d’écrire ou d’imprimer quoi que ce soit contre l’Église romaine, de propager leur secte et de molester les catholiques de leurs États. Il envoie, sans perdre de temps, à Rome D. Pedro de la Cueva, pour représenter au pape la nécessité de convoquer le concile à bref délai; il charge ses ambassadeurs en France et en Angleterre de réclamer dans le même but l’intervention des souverains de ces deux pays. Mécontents de la déclaration du 22 septembre, le protestants se retirent d’Augsbourg. Charles-Quint, irrité, met fin, le 19 novembre, aux délibérations de la diète : par le recez que signent avec lui le roi Ferdinand, trente princes ecclésiastiques et séculiers, vingt-deux abbés, trente-deux comtes, trente-neuf villes libres, la doctrine de Luther est traitée d’hérétique avec de très-dures expressions; l’exercice de toute religion autre que la catholique, ainsi que toute innovation dans la doctrine et les cérémonies de l’Église, sont interdits dans l’Empire sous des peines sévères; la restitution des couvents et établissements religieux confisqués est ordonnée. Le même recez fixe le siége de la chambre impériale dans la ville de Spire.

Depuis longtemps Ferdinand aspirait à être élu roi des Romains; indépendamment de l’amitié étroite qui l’unissait à son frère, des raisons politiques d’une haute importance engageaient Charles à seconder son désir. Les affaires de ses