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çois Ier; les Vénitiens s’apprêtaient à suivre son exemple; le duc de Ferrare n’en avait pas eu besoin pour fournir des secours de tout genre aux Français. Les dernières dépêches du vice-roi de Naples (Charles de Lannoy) étaient alarmantes. François Ier déclarait hautement qu’il ne se contenterait pas, cette fois, du Milanais, et qu’il voulait avoir aussi le royaume de Naples.

C’est dans ces circonstances que, le 10 mars 1525, un envoyé du vice-roi, le commandeur don Rodrigo de Peñalosa, vient lui apprendre la victoire remportée par son armée, à Pavie, sur les Français et la prise de leur roi. Sans que son visage ni ses paroles laissent rien paraître de l’impression qu’il en éprouve, il passe dans son oratoire, s’y agenouille et, durant une heure, reste en prières, rendant des actions de grâces à Dieu. Bientôt la grande nouvelle s’est répandue dans Madrid. Le palais se remplit des seigneurs, de la noblesse, des officiers de la cour, des envoyés des puissances étrangères, qui viennent le féliciter. Il reçoit leurs compliments avec le même calme, la même gravité, la même retenue qu’il avait montrés dans le premier moment; il leur dit de remercier Dieu, car lui seul est l’arbitre des victoires, comme il l’est du châtiment des hommes. Le lendemain il se rend, avec toute sa cour, à l’ermitage de Notre-Dame d’Atocha, patronne de Madrid; il y entend la messe et un sermon prêché par un moine de l’ordre de Saint-Dominique. Il ne veut pas permettre que, dans sa résidence ou en aucun autre endroit de ses domaines, des réjouissances publiques aient lieu. Plusieurs de ses ministres, et l’archiduc Ferdinand lui-même, l’engageaient à profiter de sa victoire pour pousser la guerre avec vigueur; la France, dans la consternation et l’abattement où elle était plongée par la perte de la plus florissante armée qu’elle eût eu depuis longtemps, par la captivité de son roi, par la mort ou la prise de ses meilleurs généraux, semblait hors d’état de continuer la lutte : mais, comme il le déclara aux ambassadeurs de Venise, il y avait une seule gloire à laquelle il aspirât, et c’était qu’il fût dit que, de son temps, l’Europe avait joui de la tranquillité et de la paix. Il charge donc Adrien de Croy, seigneur du Rœulx, l’un des principaux personnages de sa cour, d’aller visiter de sa part le roi de France et de lui porter des propositions d’arrangement. Il mande en même temps à Lannoy et au connétable de Bourbon de suspendre toutes hostilités, « lui semblant honnête » — c’étaient ses propres expressions — « de ne pas les continuer pendant que le roi était entre ses mains; » il donne les mêmes ordres aux Pays-Bas et sur les frontières d’Espagne.

Cependant François Ier, que les chefs de l’armée impériale avaient résolu de faire conduire à Naples, sut persuader à Lannoy de le mener en Espagne; il se flattait qu’en traitant directement avec l’empereur, il obtiendrait plus tôt et à de meilleures conditions sa délivrance. Il arriva au mois d’août à Madrid, où l’alcazar lui fut donné pour prison, Charles se trouvait alors à Tolède; il y tenait les cortès de Castille. Dès qu’il avait été informé du débarquement du roi en Espagne, il s’était empressé de lui écrire, lui exprimant le plaisir qu’il en éprouvait et l’espoir que sa venue hâterait l’œuvre d’une pacification générale si nécessaire à la chrétienté; il lui avait envoyé, pour le saluer et le complimenter de sa part, l’évêque d’Avila. Il donna l’ordre que rien ne fût négligé, à Madrid, de ce qui pouvait adoucir sa captivité : ainsi on l’entourait des soins les plus attentifs et les plus respectueux; il avait la faculté d’aller dans les champs, de se promener sur sa mule, de chasser quand cela lui faisait plaisir. François, néanmoins, au bout de quelque temps, tomba dans une profonde mélancolie; son sang s’échauffa; il eut une fièvre qui bientôt prit le caractère le plus violent. Deux de ses médecins étaient à ses côtés; l’empereur lui envoya le sien propre avec le vice-roi de Naples; au premier avis de sa maladie, il avait fait partir pour Madrid quelqu’un chargé de lui rapporter de ses nouvelles. Le 18 septembre, revenant de Ségovie, il reçoit des dépêches qui lui apprennent que l’état du malade s’est aggravé, et qu’il réclame instamment sa présence comme le seul