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soumis aux plus durs traitements, sans que l’infortune ôtât rien à son courage et à sa sérénité. Le 17 septembre, il comparut devant les échevins pour répondre à quarante-sept chefs d’accusation, entre autres d’avoir osé, étant officier municipal, conjoindre par mariage des personnes des deux sexes. Des démarches faites pour le sauver ayant échoué, sa femme mourut subitement, de douleur. Cette mort le jeta dans un profond désespoir : il renonça dès lors à toute démarche, refusa une offre d’évasion concertée par sa famille, et s’abandonna sinon à la justice des hommes, du moins à celle de Dieu. Le 30 décembre, il fut condamné à la décapitation pour l’exemple d’autrui.

Cette nouvelle consterna tout Verviers ; mais Hoensbroeck, sourd aux vives instances de personnes influentes de tous les partis, refusa froidement toute grâce. Le 1er  janvier 1794, Chapuis fut ramené à Verviers, garrotté sur un tombereau, assis sur son cercueil, entre deux capucins chargés de le préparer à passer dans l’autre vie. En face de la mort, il avait retrouvé sa force et sa sérénité ; résigné à son sort, pardonnant à ses ennemis, il fit ses adieux aux siens et les étonna par sa fermeté héroïque, puis se prépara à paraître devant Dieu. Le lendemain, il fut exécuté sur la place du Sablon, priant pour ses ennemis et sa pauvre patrie. La hache du bourreau tomba sept fois avant d’abattre la tête de cet homme de bien, dont la mémoire est restée vivace et populaire dans son pays. Le retour des armées françaises ayant amené l’expulsion définitive du prince (27 juillet), les habitants de Verviers firent planter un peuplier sur le lieu du supplice, qui prit pour un temps le nom de place du Martyr, et y célébrèrent une fête expiatoire. On y construisit un monument qui resta intact jusqu’au règne de Napoléon.

G. Dewalque.

Biographie de G.-L. Chapuis, Verviers, 1847. — De Becdelièvre, Biographie liégeoise. — Borgnet, Hist. de la révol. liégeoise de 1789, t. II.

CHARITÉ (Simon-Lucas), poëte flamand du milieu du XVIIIe siècle. Il est né probablement à Alost. Nous connaissons de lui les ouvrages suivants : 1o Leven en doodt van de H. Barbaro, patronersse tegen de pest en onvoorziene doodt. in rym gestelt door Simon Lucas Charité. Dendermonde, 1762, in-12. — 2o Verhuffinge van her ards-broederschap des H. Roosen-Kraus, in digt gebragt door Simon-Lucas Charité (Anagramma), Laus homini crescat. Gendt, Jud. Begyn, 1771, in-8o. Ce recueil de poésies fut publié à l’occasion du jubilé biséculaire de la victoire de Lépante. La fête donnée par les Carmélites de Gand était en partie religieuse, en partie populaire, avec grand cortége, simulacre de combat naval, etc. La description de la bataille compte au-delà de dix-mille vers boursouflés. — 3o Theodoricus en Aurelia, onder Rudolphus, koning van Vrankryk, blyeyndend treurspel. Nieuw-gezongen stuk door Simon Lucas Charité (Letter-Wissel), Laus homini Crescat. 1789. Dendermonde, We Ducaju, in-8o. Cette tragi-comédie en quatre actes commence en France, se continue en Angleterre et en Hongrie pour finir à Paris ; elle promène, tour à tour, le spectateur dans les parcs d’un roi de France, sur les côtes de l’Angleterre, dans un camp hongrois ; enfin elle le fait assister à la prise de Paris et au double mariage du roi d’Angleterre et d’un comte hongrois, commandant une armée française. C’est un imbroglio, qui ne manque cependant ni d’animation ni d’intérêt.

F. Snellaert.

CHARLEMAGNE. Il est peu de personnages dont le lieu de naissance ait été discuté autant que celui de Charlemagne. Plusieurs historiens ont placé le berceau de l’illustre empereur en Neustrie, à Paris ou dans quelque château voisin de cette ville, mais sans appuyer leur assertion d’aucune preuve. Un grand nombre d’autres l’ont placé en Allemagne : ceux-ci à Ingelheim sur le Rhin, d’après un témoignage romanesque de Godefroid de Viterbe, écrivain de la fin du XIIe siècle ; ceux-là à Gross-Vargel sur l’Unstrut, d’après la fausse interprétation d’un terme employé dans un diplôme de Charlemagne lui-même. D’autres désignent Karlsberg, en Bavière, ou Aix-la-Chapelle. Il en est même qui signalent Worms, ou Jupille sur la Meuse. En pré-