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roi de France la volonté des Provinces-Unies d’être annexées à sa couronne.

Comme on pouvait le prévoir, Henri III refusa; alors les états recoururent à la reine de la Grande-Bretagne (juin 1585). A l’offre qu’ils lui firent de la souveraineté de leurs provinces, Élisabeth répondit à son tour par un refus; mais elle prit l’engagement de les secourir et de leur donner un chef qui leur manquait. A partir de cette époque, Caron, qui avait été au nombre des ambassadeurs envoyés en Angleterre, ne quitta presque plus ce pays, que pour venir rendre compte aux états de choses qui les intéressaient, ou pour remplir, auprès d’eux, des commissions dont il était chargé par la reine. L’agent que les Provinces-Unies entretenaient à la cour d’Élisabeth, Joachim Ortel, étant mort en 1590, elles nommèrent Caron à sa place l’année suivante : elles reconnaissaient ainsi le zèle et le talent qu’il n’avait cessé de déployer pour le soutien de leur cause. En 1597, la reine, ayant une affaire importante à négocier avec les états, désira que ce fut lui qui allât les en entretenir; à cette occasion, elle leur écrivit une lettre où elle parlait, dans les termes les plus flatteurs, de son habileté, de son caractère et de sa conduite. Après la paix de Vervins (1598), les archiducs Albert et Isabelle firent faire des ouvertures à Élisabeth, pour l’engager à suivre l’exemple du roi de France et à traiter avec l’Espagne; la reine s’empressa d’en instruire les états par Caron, qu’elle invita à se rendre tout exprès à la Haye. Ces ouvertures n’eurent pas de suite d’abord; mais Jacques Ier ayant succédé à Élisabeth en 1603, il fit la paix avec le roi Philippe l’année suivante. Les états, à cette nouvelle, mandèrent Caron, afin de connaître plus particulièrement les dispositions du nouveau souverain de la Grande-Bretagne et l’état de ce royaume. En le renvoyant à Londres, ils le revêtirent du caractère d’ambassadeur, que la cour d’Angleterre hésita à admettre publiquement, à cause de l’opposition qu’y fit l’Espagne : les scrupules des ministres anglais à cet égard ne cessèrent que lorsque Philippe III et les archiducs eurent, par la trève de 1609, reconnu les états pour libres et indépendants.

Noël de Caron remplit la charge d’ambassadeur des Provinces-Unies en Angleterre jusqu’à sa mort. Il s’était acquis beaucoup d’influence à la cour de Londres, et y jouissait d’une grande estime. Un écrivain néerlandais rapporte qu’il institua pour son héritier le prince de Galles, lequel n’accepta de sa succession que quelques objets insignifiants et abandonna le reste aux plus proches parents de Caron. Ses dépêches, qu’on conserve aux archives du royaume, à la Haye, témoignent de son habileté, comme diplomate et des services qu’il rendit à la république des Provinces-Unies dans une carrière de plus de trente années.

Gachard.

Archives de l’État à Bruges. — Archives du royaume, à la Haye. — Van Meteren, Histoire des Pays-Bas. — Pieter Bor, Nederlantsche Oorlogen. — Van Loon, Histoire métallique des Pays-Bas. — Correspondance de Guillaume le Taciturne, t. V. — Actes des états genéraux des Pays-Bas. 1576-1585, t. II. — Scheltema, Staatkundig Nederland.

*CARONDELET (Claude), chevalier, seigneur de Solre-le-Château, chef du conseil privé aux Pays-Bas, était l’aîné des fils du chancelier Carondelet dont il est parlé dans l’article suivant. Il naquit à Dôle, au comté de Bourgogne, en 1467. Nous le trouvons bailli d’Amont, c’est-à-dire l’un des principaux officiers de cette province, et conseiller et maître des requêtes de l’hôtel du roi des Romains, Maximilien, dès l’année 1488. Ce monarque le chargea de plusieurs missions à l’étranger, notamment en Angleterre lorsque, en 1509, il fit traiter du mariage de l’archiduc Charles, son petit-fils, avec Marie, sœur de Henri VIII. La même année, il le nomma l’un des commissaires au renouvellement des lois de Flandre. La correspondance de Maximilien avec Marguerite, qui a été publiée, nous apprend que Carondelet était tantôt auprès de l’archiduchesse aux Pays-Bas, tantôt auprès du roi en Allemagne; par son intégrité et par le talent qu’il montra dans le maniement des affaires publiques, il s’acquit l’estime et la confiance de ces princes.