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Flandre. Il figure dès la fondation de l’Église flamande de Londres dite des Augustins ou Austin Friars, en 1550, sur le tableau de ses pasteurs. C’était un homme instruit et résolu. Quand l’avènement au trône de Marie Tudor, en 1553, chassa du sol anglais les hérétiques régnicoles et étrangers et exposa à une mort presque certaine ceux qui osèrent braver le décret d’expulsion, Carineus demeura à Londres, et il ne fut point le seul d’entre les réfugiés flamands qui prit ce parti. Jean van Utenhove, de Gand, fait allusion à ces faits dans son curieux livret intitulé : Simplex narratio. Mais il convient d’en dire quelque chose de plus. L’ardeur de la persécution dispersa cette communauté clandestine et Carineus s’estima heureux, en 1558, d’accepter l’emploi de pasteur à Amsterdam. Il était dans cette ville depuis un an quand la peste noire s’abattit sur la Frise et décima les pauvres flamands qui, de Londres, s’étaient réfugiés à Emden et à Norden. Tous leurs pasteurs leur furent enlevés par l’épidémie. On demanda des remplaçants. Carineus fut le premier à accourir. En 1561 il est encore à Emden. Nous trouvons qu’en cette même année là il fut chargé par le consistoire de cette ville d’étudier avec Corneille Cooltuin la confession de foi des Pays-Bas récemment rédigée par Gui de Brès (voir ce nom) et d’en dire son avis. Bieutôt après il retourna à Londres pour aider Jean van Utenhove à relever l’église flamande. Un mardi du mois de mars 1563, il est en chaire; il prêche sur la régénération par le Christ, quand un auditeur, qui n’est autre que Josse Velsius, ancien professeur à l’Université de Louvain, se lève tout à coup et le provoque et l’injurie. La modération de Carineus confondit son interrupteur. On sut plus tard qu’il était un espion espagnol, un agent du cardinal de Granvelle. On a de Carineus un volume intitulé : « A confutation of the doctrine of David George and H. N., the father of the familie of Love. By Martin Micronius, minister of the Woorde in the dutsche Churche at London, under Edward the VI of blessed memory, King of England; taken out of his book concerning holy assemblies which he wrote in Latine a little before his death, at Nord in East Freesland; which also afterwards M. Nicolas Carineus set foorth publiquely in printe, certain theings being added unto it, transliied woorde for woorde unto Englishe. »

Le but de ce livre, publié en anglais, était évidemment de contrebalancer le mauvais ettet produit par l’excommunication prononcée en 1560 par l’archevêque anglican Grindall, pour cause de sentiments anabaptistes, contre Adrien van Hamsteede, de Malines, l’un des pasteurs de l’église flamande de Londres. Carineus mourut en Angleterre.

C. A. Rahlenbeck.

Burn, History of the foreign refugees settled in England. London, 1846, pp. 190 et 193. — Fuller, church history of Britain, tome IV. p. 410. — Bulletin du bibliophile belge, tome XV, p. 369. — Revue trimestrielle, 2e série, tome VIII, p. 38. — W. Te Water, Tweede Eeuwgetyde van de Geloofs Belydenisse der gereformeerde kerken. Middelbourg, 1762, pp. 16-17.

CARLIER (Jean Guillaume), né à Liége en 1638, mort dans la même ville en 1675. Le comte de Becdelièvre, à qui nous empruntons les principaux faits de la biographie de Carlier, dit « né vers 1638, » mais comme il ajoute plus loin qu’il mourut en 1675, à l'âge de trente-sept ans, le mot vers devient tout à fait inutile. Ce fut sous la direction de Bertholet Flémalle que Carlier commença ses études; ses dispositions aidant, il devint en assez peu de temps aussi habile peintre que son maître. Lorsque, ce dernier retourna pour la secoonde fois à Paris, en 1670, il fut accompagné de son élève. Déjà les deux artistes avaient travaillé ensemble à Liége où Carlier peignait spécialement les draperies dans les tableaux de Flémalle. A Paris on s’aperçut assez vite que l’élève valait le maître et on commanda aux deux artistes quatre tableaux destinés au roi, en ayant soin d’en faire peindre un tout entier de la main de Carlier; cette toile fut conservée dans le cabinet du monarque jusqu’à la révolution; elle était digne en tous points des œuvres de Flémalle. D’Argenville a trouvé moyen d’introduire là une de ces anecdotes dont il est si pro-