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Philippe Cardon, dont on ignore le lieu et la date de naissance, mourut à Bruxelles en 1817 ; c’était un excellent dessinateur, qui employa avec une rare habileté les ressources de l’encre de Chine. Ses productions sont estimées, et le méritent. Plusieurs cabinets possèdent de cet artiste de vrais chefs-d’œuvre dans ce genre de dessin au lavis. Son frère, Antoine Cardon, dit le jeune, s’adonna à la gravure et s’acquit une grande réputation.

Edm. De Busscher.

De Bast et Cornelissen, Annales du Salon de Gand et de l’école moderne des Pays-Bas. — Arthur Dinaux, Archives du Nord de la France et du Midi de la Belgique. nouv. série, 1842, t. III. — Goethals, Lectures sur les sciences et les arts, t. II et III. — Immerseel et Kramm, Levens der Holl. en Vlaams. schilders, graveurs. etc. — Charles Le Blanc, Manuel de l’amateur d’estampes. — Van der Stralen, Jaerboeken van Sint-Lucas gilde t’Antwerpen.

CARDON (Antoine), dit le jeune, dessinateur, graveur à l’eau forte, au burin et au pointillé, né à Bruxelles le 15 mai 1772, mort à Londres, le 16 avril 1813. Fils d’Antoine-Alexandre-Joseph Cardon, le vieux, il eut pour premier maître son père, qui lui enseigna la pratique de l’eau-forte, en même temps que le maniement du burin, auquel l’élève s’adonna de préférence. Les événements amenés par la révolution belge de 1789 et la révolution française de 1792, portèrent Antoine Cardon le jeune à s’expatrier. Il s’embarqua pour l’Angleterre et s’établit à Londres. Plusieurs fois proclamé lauréat académique à Bruxelles, il obtint un pareil succès à l’Académie de Londres en 1794. Malgré sa santé débile, il se livra avec ardeur à des travaux de gravure, qui bientôt établirent sa réputation. Mais il sacrifia souvent au goût anglais de l’époque et employa le pointillé et la manière noire pour une partie de ses belles productions. La première, la plus recherchée et la plus rare de ses œuvres, la Présentation de Catherine de France à Henri V d’Angleterre, lors du traité de Troyes, en 1419, d’après le tableau de J. Stothard, est exécutée au pointillé et imprimée en noir ; c’est sa planche capitale et un chef-d’œuvre de gravure. Vinrent ensuite deux estampes consacrées à remémorer les victoires des Anglais dans l’Inde : l’Assaut de Seringapatam et la Reddition des fils de Tippoo-Saïb, d’après H. Singleton, deux pages de format grand in-folio, du burin le plus pur et le plus vigoureux, qui firentb une extrême sensation. Avec non moins de réussite il publia la Bataille d’Alexandrie d’Égypte et le Combat de Maïda en Portugal (20 mars et 4 juillet 1801), livrés entre les Français et les Anglais, deux toiles de Lautherbourg. Dès lors Cardon le jeune fut regardé comme un des plus habiles graveurs contemporains, et ses œuvres justifiaient la préférence qui lui avait été accordée sur plusieurs artistes anglais, pour reproduire les plus remarquables tableaux du Musée britannique. Il commença sa collaboration par la Femme adultère, de P.-P. Rubens, planche magistrale, l’une des plus importantes du recueil ; l’on y rencontre aussi de l’artiste belge huit épisodes des Cris de Londres, par F. Whealley, et entre autres : la Marchande d’allumettes, 1794 ; la Marchande de cerises, 1795 ; la Marchande de chansons, 1796, gravures in-folio, en hauteur, au pointillé et tirées en bistre. Ces sont les quatrième, huitième et onzième de la collection, à laquelle travaillèrent également les graveurs L. Schiavonetti, Vendramini et Thomas Gaugain. — Citons encore Ganimède, d’après Rembrandt (pointillé et noir) ; la Sainte famille, d’après Adrien Vander Werf (pointillé et bistre) ; le portrait équestre d’Alexandre Sinclair Gordon, capitaine des chevau-légers volontaires de Londres, d’après A. W. Devis (1811) ; le portrait de sir William Sidney Smith (avec le siége de Saint-Jean d’Acre, gravé par J. Miton, au bas de la planche), d’après Robert Ker Forter ; le général Victor Moreau (1802), publié à Londres par Barrois ; l’Abbé De Lille, d’après J.-L. Monnier. — Cardon le jeune avait modifié son prénom : il fut généralement connu à Londres sous l’appellation d’Antony.

On cite de lui d’autres estampes traitées avec un talent distingué : Napoléon sur le champ de bataille de Marengo ; The innocent Captivation et The rustic ministrel, d’après Singleton. — De ses