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Le 3, le comte de Rœulx lui fait observer que c’est le maire de Saint-Amand qui avait arrête les prisonniers dans une localité dépendant du bailliage de Tournai et Tournésis, que par suite la juridiction du bailli était saisie; il ajoutait que Guy de Brès avait résidé à Tournai pendant huit ou neuf ans, y avait fait des prêches publics, et qu’il convenait de le juger dans cette ville. Le comte de Rœulx se rendit même à Bruxelles, mais ne put obtenir ce qu’il voulait. Il fut décidé qu’on reconduirait les prisonniers à Saint-Amand et que là ils seraient remis entre les mains du prévôt de Valenciennes, ce qui fut fait le 11 avril. Guy de Brés fut jeté dans un cachot sombre et humide; son procès et celui de ses compagnons commença bientôt. Pendant sa durée, où la torture fut employée comme moyen d’instruction, il fut visité par un grand nombre de personnes, carmes, cordeliers, théologiens de toute espèce. L’évêque d’Arras, Richardot, fut du nombre de ces visiteurs, mais rien ne put faire changer les convictions du malheureux prisonnier. Ces controverses sont rapportées dans l’Histoire des martyrs de Crépin. Le procès eut l’issue fatale à laquelle on devait s’attendre; condamné à mort par la corde, Guy de Brès marcha courageusement au supplice, le 31 mai 1567; son corps fut enterré sous le gibet.

Telle fut la vie de cet homme remarquable qui, de simple ouvrier, s’éleva au rang des personnages célèbres de cette époque. Comme écrivain, Guy de Brès doit être placé en première ligne; sous sa plume la langue française apparaît élégante et pure, son style, tout à la fois simple et coloré, rappelle celui de Calvin. En 1562, une partie des papiers de Guy fut saisie à Tournai; on voit dans la relation de cette saisie (que nous avons publiée dans le Bibliophile belge, 1868), qu’il écrivait le latin, le grec, quelque peu d’hébreu, qu’il correspondait avec beaucoup de personnes tant du pays que de l’étranger, entre autres avec Pierre Dathenus, le pasteur flamand de Francfort, avec Calvin et avec Jean Crépin qui lui demandait les noms des martyrs des Pays-Bas et des renseignements pour l’histoire dont il s’occupait et que tout le monde connaît. Ajoutons encore un renseignement : sur quelques-uns des livres saisis se trouvait le nom de leur propriétaire, c’était Guy de Bresse et aussi Hiéronime au lieu de Guy.

Terminons cet article par l’indication bibliographique des œuvres de cet éminent réformé.

Le baston de la foy chrestienne propre pour rembarrer les ennemis de l’Évangile : par lequel on peut aussi cognoitre l’ancienneté de nostre Foy, et de la vraye Église. Recueilli de l’Escriture Sainte, et des livres des anciens Docteurs de l’Église, et des Conciles, et de plusieurs autres Auteurs. — Reveu et augmenté. Imprimé à Lyon, 1562, petit in-8o, 30 pages, épitre préliminaire, 562 pages, plus la table. — Autre édition. Reveu et augmenté de nouveau. (Imprimé) par Thomas Courteau, s. l. M.D.LXV.. Ces deux volumes sont très-rares. La première édition, que nous n’avons pas vue, a paru sans indication de lieu ni d’année. Il est probable qu’elle fut imprimée en 1556, à Lyon, comme la seconde, et que Guy de Brès passa par cette ville lorsqu’il se rendit en Suisse. — 2° La racine, sovrce et fondement des Anabaptistes ov rebaptisez de nostre temps. Avec très-ample réfvtation des arguments principaux par lesquels ils ont accoustumé de troubler l’Église de Nostre Seigneur Jésus-Christ, et séduire les simples. Le tout réduict en trois liures, par Gvy de Brès. S. 1., chez Abel Clémence, M.D.LXV, 903 pages, petit in-8o. — Autres éditions indiquées dans la France protestante, mais que nous n’avons pas vues : Harlem, 1565, in-8o; Strasbourg, 1589, 1595, in-8o. Une traduction flamande de ce livre parut à Amsterdam, chez Jean Euersz, 1589, 388 feuillets, 12 pages de tables, sous le titre : De Wortel, den oorspronck ende het fundament der wederdooperen oft herdooperen van onsen tyde, etc. — Autre édition : Amsterdam. 1608. Cet ouvrage, destiné à combattre les anabaptistes, est divisé en trois livres, traitant le premier de l’origine des anabaptistes, le deuxième de l’incarnation, le troisième du baptême