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et du 14 mars 1664, qui interdirent l’importation de toute espèce de draps et d’étoffes de laine.

En 1664, le Roi donna pour successeur à Caracena le marquis de Castelrodrigo (voir ce nom). Ce nouveau gouverneur arriva aux Pays-Bas au mois d’octobre. Le 21, après avoir, les jours précédents, reçu les compliments des principaux personnages du ministère, de l’armée, de la noblesse, ainsi que des députés envoyés par les provinces et les villes, Caracena quitta Bruxelles, se rendant à la cour d’Espagne par la France. Les Belges ne le virent pas partir sans regret. « Son épouse et lui — dit Van Loon — s’étaient rendus très-agréables par leurs manières aisées et populaires, qui leur avaient attiré une bienveillance générale ; » et cet historien cite, en preuve, l’accueil que, peu de temps avant leur départ, dans un voyage qu’ils faisaient en Flandre, ils avaient reçu à Gand, « où les magistrats et l’évêque leur avaient voulu marquer à l’envi leur tendresse et leur gratitude. » Nous ajouterons qu’ils n’avaient pas été moins fêtés à Bruges ; là on avait même, en leur honneur, transporté le saint sang à la cathédrale, lorsqu’ils y allèrent entendre la messe : ce que l’autorité municipale n’avait jamais permis auparavant. À Bruxelles, la bourgeoisie était très-sympathique au marquis et à la marquise, qui avaient l’attention, quand ils faisaient représenter au palais quelque comédie nouvelle ou danser un ballet d’un certain renom — ce qui alors était un événement — de convier à cette solennité les personnes marquantes de la ville. Caracena n’était pas aussi bien vu de plusieurs des chefs de la noblesse, et en particulier du prince de Ligne, avec lequel il eut des démêlés assez vifs.

Peu après son arrivée à la cour, Caracena fut chargé du commandement de l’armée d’Estremadure contre le Portugal ; il avait été appelé, en 1659, à faire partie du conseil d’État de la monarchie. À la fin de 1667, il vint à Madrid pour y passer quelque temps ; il y tomba malade et fut emporté en trois jours : il mourut le 6 janvier 1668. La reine régente Marie-Anne d’Autriche venait, au moment où il rendait le dernier soupir, de lui conférer la charge éminente de président du conseil suprême de Flandre. Il avait épousé Catherine Ponce de Léon, fille du duc d’Arcos, de laquelle il eut un fils, mort en bas âge, et deux filles : l’une qui épousa le duc d’Ossuna et l’autre le comte d’Altamira.

Gachard.

Relations véritables, gazette des Pays-Bas, années 1656, l659-1665, 1668. — Placcaerten ende ordonnantien van Brabandt, t. III et IV. — Berni, Titulos de Castilla. — Van Loon, Histoire métallique des Pays-Bas, t. II. — Moréri. — Mémoires du comte de Mérode d’Ongnies, avec notes du baron de Reiffenberg. — Documents inédits concernant l’histoire de la Belgique sous le règne de l’empereur Charles VI, t. 1er, introduction. — Alph. Wauters, Histoire de Bruxelles, t. II. — Vander Vynckt, Histoire chronologique des gouverneurs généraux des Pays-Bas (Ms. de la Bibliothèque royale). — Archives du royaume, fonds de la Secrétairerie d’État espagnole.

CARAUSIUS naquit vers le milieu du IIIe siècle après J.-C.[1], d’une famille ménapienne obscure, habitant probablement la côte maritime, et exerça, comme mercenaire, dès sa première jeunesse, le métier de pilote. Nous ne connaissons plus rien de lui jusqu’à l’année 286, où nous le voyons au service de Rome, avec un grade élevé, dans la guerre que l’empereur Maximien Hercule fit aux brigands et aux paysans révoltés de la Gaule, connus sous le nom de Bagaudes. Il se trouvait vraisemblablement sur la flotille qui attaqua, en même temps que l’armée de terre, la forteresse située au confluent de la Seine et de la Marne, ce dernier boulevart de la Bagaudie.

Les brillants faits d’armes par lesquels Carause s’était signalé dans cette guerre, joints à sa grande expérience de marin et à sa connaissance de tous les recoins de la mer sur laquelle il avait passé une partie de sa vie, engagèrent Maximien à lui confier le commandement de l’escadre qui devait stationner à Boulogne pour protéger les côtes occidentales de la Gaule et celles de la Bretagne contre la piraterie des Franks et des Saxons, tan-

  1. En tant que l’on peut en juger par les médailles, il a dû être du même âge que Dioclétien, Maximien Hercule et Constance Chlore, dont les dates de naissance sont connues