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mais, la paix conclue, elle n’y vit plus d’inconvénient. Le 28 novembre 1659, à la demande du marquis de Caracena, l’archevêque de Malines (André Creusen) fit aux trois états de Brabant la proposition de s’engager à défendre, aussi longtemps que l’Église ne définirait pas le contraire, l’immaculée Conception de la Vierge et son exemption de la tache du péché originel, en s’opposant, autant que cela serait en leur pouvoir, à ce qu’elles fussent attaquées de fait ou de paroles. Les états, d’un commun accord, non-seulement prirent l’engagement qu’on réclamait d’eux, mais résolurent d’en faire l’objet d’une manifestation solennelle le jour ne la fête de la Conception : l’archevêque, le duc d’Arschot et d’Arenberg et les bourgmestres des trois chefs-villes du duché furent à cet effet délégués par eux. Au jour fixé, les représentants des états, accompagnés des greffiers de ceux-ci et des conseillers pensionnaires de Bruxelles et d’Anvers, se rendirent à la chapelle royale du Saint-Rosaire, en l’église des Dominicains, où l’abbé de Parck célébra la messe, pendant laquelle le P. Fresneda, de la compagnie de Jésus, prédicateur du Roi, fit un sermon dont l’immaculée Conception était le sujet. La messe finie, l’archevêque, le duc d’Arschot, les bourgmestres, les pensionnaires et les greffiers se présentèrent devant l’autel : l’archevêque, au nom des trois états, prononça à haute voix la formule de l’engagement qu’ils avaient contracté. Le prince de Condé, le marquis et la marquise de Caracena, les principaux chefs de l’armée, les ministres, les dames les plus qualifiées de la cour assistaient à cette cérémonie.

L’archiduc Sigismond n’ayant point accepté le gouvernement des Pays-Bas, Caracena put se flatter un instant que son intérim serait de quelque durée. Cependant le comte de Fuensaldana, auquel il avait succédé dans le gouvernement des armes, aspirait à le remplacer à son tour dans le poste plus élevé qu’il occupait depuis le départ de don Juan d’Autriche. Fuensaldana avait pris part aux négociations de la paix des Pyrénées; Philippe IV l’avait ensuite nommé son ambassadeur extraordinaire en France, pour y conduire l’infantile Marie-Thérèse, destinée à épouser Louis XIV : il s’insinua dans les bonnes grâces de la jeune reine et du cardinal Mazarin, qui agirent à Madrid afin que la charge qu’il ambitionnait lui fut donnée. Philippe IV, en effet, lui conféra le gouvernement des Pays-Bas (17 août 1661), en dédommagement duquel il offrit À Caracena celui de la Galice, avec le commandement de l’armée royale dans cette province (7 août). Mais la providence ne voulut pas que Fuensaldana jouît d’une faveur qu’il avait obtenue par des intrigues : étant tombé malade à Cambrai, lorsqu’il s’était mis en chemin pour venir prendre possession de sa nouvelle dignité, il y mourut le 22 novembre 1661. Caracena resta donc à la tête des affaires dans les Pays-Bas, et cette situation il la conserva pendant trois années encore.

Aucun événement notable ne marqua la dernière période de son administration. Les Pays-Bas étaient en paix avec tous leurs voisins. Depuis le traité de Munster, d’excellentes relations existaient entre le ministère de Bruxelles et les états généraux des Provinces-Unies, et la convention du, 16 décembre 1661, qui régla définitivement le partage, entre ces provinces et le roi d’Espagne, des trois pays d’Outre-Meuse, rendit encore ces relations plus amicales. Le principal objet des soins de Caracena fut d’opérer des réductions dans l’armée, qui était pour les finances de la monarchie une charge accablante; il eut aussi, sur les ordres du Roi, à faire passer des troupes belges en Espagne; il y envoya (1660, 1663) plusieurs régiments wallons qui furent employés dans la guerre contre le Portugal, et dont la conduite justifia la réputation de bravoure que leur nation s’était acquise dans la Péninsule. L’état du port d’Ostende laissait beaucoup à désirer en ce temps-là; Caracena fit faire des ouvrages qu’il surveilla lui-même avec sollicitude, pour en faciliter l’entrée aux navires marchands et en défendre l’approche contre les flottes ennemies. Nous citerons encore, parmi les actes de son administration, les ordonnances du 3 mars 1660