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Érudit et linguiste distingué, il possédait les langues latine, française, espagnole, italienne, et connaissait parfaitement l’histoire et les antiquités de la Belgique. Il avait fait, en outre, une étude spéciale de la généalogie des principales familles de son pays; aussi avait-on souvent recours à ses lumières pour élucider des questions généalogiques portées devant les tribunaux. Historien judicieux, il comprit bien vite la valeur des documents originaux et, quoique peu versé dans la paléographie, il y recourut largement, sans se contenter de consulter, comme les écrivains des époques antérieures, les récits des chroniqueurs. En relation avec les principaux savants de son époque, Butkens aida, dans ses recherches, Henriquez, qui séjourna longtemps au monastère de Saint-Sauveur, pour travailler à son histoire de l’ordre de Cîteaux et il fit pour lui la généalogie du B. Guillaume, insérée dans le Menologium Cisterciense.

Ses panégyristes le disent aussi très-profond en politique; sa correspondance trahit, en effet, des préoccupations de cette nature, mais rien de ce qu’on connait de sa vie ne nous apprend qu’il ait été employé dans des missions diplomatiques. Les derniers temps de son existence nous prouvent avec quelle sollicitude il veillait aux intérêts de son prieuré. En 1648, il partit pour la Haye, afin d’y réclamer la rente due à son monastère pour les biens de la première fondation, qui avaient été confisqués par les États-Généraux. Ces biens, situés à Middelhernesse, comprenaient deux cent quatre-vingt-quatre mesures de terre et avaient été vendus pour la somme de trente-quatre mille cent quatre-vingt-dix-neuf florins. Quoique la capitulation d’Anvers du 17 août 1585 et les stipulations de la trève de douze ans eussent garanti qu’on restituerait aux communautés religieuses les biens non vendus ou qu’on paierait une rente sur le prix de ceux qui avaient été aliénés, cette rente n’avait jamais été acquittée. Butkens ne réussit pas dans ses démarches; après un séjour de deux ans et demi à la Haye, il y mourut, le 30 septembre 1650. Son corps fut rapporté à Anvers et enterré dans l’église du monastère de Saint-Sauveur.

Indépendamment de la Genealogia B. Guilelmi, e familia dynastarum Montispessulani, jointe ordinairement au Menologium de Henriquez, on lui doit encore la généalogie de Pierre Pots, fondateur du monastère de Saint-Saueur, insérée dans la Chorographia Brabantiæ de Sanderus, et la carte armoriale de Hainaut, gravée en 1640 par Borrekens. Lefort, dans ses registres, cite encore de lui : Recueil généalogique de plusieurs maisons d’ancienne noblesse, amassé par Fr. Christophe Butkens, prélat de Saint-Sauveur, à Anvers, tiré sur de bons auteurs et preuves. Ce travail, comme beaucoup d’autres de ses manuscrits, n’a jamais été imprimé. Mais les deux principales publications de Butkens sont : les annales généalogiques de la maison de Lynden, recueillies par Fr. Chr. Butkens, Anvers, 1626, et les Trophées tant sacrés que profanes de la duché de Brabant, dont le t. I, le seul édité par Butkens, parut à Anvers, en 1641. Le premier de ces deux ouvrages, fait à la demande de la famille de Lynden, est enrichi de nombreuses gravures; il est devenu rare, car la plupart des exemplaires en furent retenus. Dès son apparition, ce livre fut attaqué avec beaucoup de vivarité par des auteurs hollandais; quoique leurs critiques ne soient pas fondées, il est certain que le livre contient plusieurs documents apocryphes ou tronqués, fournis par la famille de Lynden, et que Butkens avait acceptés avec trop de légèreté. Mais il se plaint, dans une lettre adressée à Riedtwyck, et qui nous a été conservée, qu’on ait attaqué sa bonne foi et il prie son ami de le disculper sur ce point; il ajoute qu’il s’apprêtait à faire des corrections à ce travail, mais que son grand ouvrage sur le Brabant ne lui laissait pas le temps de les publier.

Les Trophées du Brabant, ouvrage qui a fondé la réputation de Butkens, est un des meilleurs écrits publiés sur l’histoire du Brabant et sur la généalogie de ses principales familles. Cependant, sur ce dernier point, il ne faut encore le con-