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est composée de grandes pierres et d’une prodigieuse élévation. Le sommet se termine en pointe, comme un diamant. Elle est formée d’escaliers à l’aide desquels on peut monter jusqu’en haut… Il y a en outre encore quatre montagnes du même genre. »

La description du Caire et de l’Égypte n’est pas la partie la moins intéressante de ce voyage ; la singularité des opinions qui y sont émises, Ini donne un attrait spécial et porte comme tout l’ouvrage la marque caractéristique de l’époque. En somme, sans avoir la moindre portée scientifique, la relation de Van Berchem est assez curieuse pour assigner à son auteur une place parmi les voyageurs du xve siècle.

Le manuscrit en flamand de cette relation est conservé dans la bibliothèque de M. le comte de Ribaucourt, sénateur, à Bruxelles.

Bon de Saint-Genois.

Messager des sciences historiques, 1855, pp. 460. 468.

BERCHEM (Lambert VAN), écrivain ecclésiastique, né à Berchem. xvie siècle. Voir Lambert van Berchem.

BERCHMANS (Jean), bienheureux, religieux scolastique de la Compagnie de Jésus, né à Diest, le 13 mars 1599, mort à Rome, le 13 août 1621.

Au milieu de la phalange d’hommes remarquables qui illustrèrent la Belgique au xviie siècle, il est une figure douce, simple et sympathique qui apparaît comme une ombre idéale au milieu des préoccupations bruyantes et des troubles de cette époque. Son nom ne se rattache ni aux événements politiques, ni à l’histoire littéraire, mais il rappelle une de ces natures angéliques, qui ne semblent descendues sur la terre que pour remonter au ciel, en laissant derrière elles une trace lumineuse et un suave parfum de vertus. Tel fut Jean Berchmans, dont l’histoire nous a conservé le souvenir et qui s’offre à nous comme le type de la plus aimable piété et de la plus candide innocence.

Son père exerçait la profession de maître corroyeur et de cordonnier à Diest ; très-estimé de ses concitoyens, il était en même temps échevin et président des Decemviri, ou conseillers communaux élus par le peuple. Sa mère se nommait Élisabeth Vanden Hove ou Van Hove. Les premières années de Jean Berchmans se passèrent au foyer paternel et dans la fréquentation des écoles. Il fit ses études humanitaires chez un respectable ecclésiastique de sa ville natale, le curé de Notre-Dame, dont le presbytère était, selon les usages du temps, une maison d’éducation préparatoire ou un collége en miniature. La langue latine y formait la principale branche d’enseignement. Berchmans l’apprit avec une rare facilité, et nous possédons de cet enfant de treize ans une élégie latine, pleine de verve et de riantes images. Les accents d’une tendre piété s’y trouvent mêlés, il est vrai, à une invocation de la muse Calliopée et du dieu de Castalie, mais ce mélange bizarre du sacré et du profane n’a rien d’étonnant à l’époque de la renaissance des lettres. A l’âge de quinze ans, Berchmans dut s’arracher à l’affection de ses parents et de ses maîtres ; son père, qui venait d’éprouver des revers de fortune, l’envoya à Malines pour servir en qualité de domestique chez le chanoine Froymont, et pour y achever, en même temps, sous la surveillance de cet ecclésiastique, ses humanités. C’était à cette époque un moyen assez usité de faire des études à peu de frais, moyen dont l’usage subsista en Belgique et en Allemagne jusqu’au milieu du siècle dernier.

A dix-sept ans, Berchmans avait terminé ses classes latines de la manière la plus brillante ; il fut reçu avec joie dans la Compagnie de Jésus, dont il avait fréquenté le collège à Malines, et après deux ans de noviciat dans cette ville, ses supérieurs l’envoyèrent à Rome pour commencer ses études philosophiques. De même qu’à Diest et à Malines, il y devint un sujet d’édification générale et sut se faire aimer de tous ceux qui l’approchaient. Mais sa vie ne devait être qu’un court passage sur la terre : la troisième année de son séjour à Rome, il fut pris d’une fièvre pulmonaire aigue et mourut, après quelques jours de maladie, au milieu des larmes de ses maîtres et de ses