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future indépendance, protesté contre les résolutions de la conférence de Londres des 20 et 27 janvier ; enfin elle avait renié pour ainsi dire le principe de l’indépendance nationale en offrant le trône à un prince français.

Ce fut dans ces circonstances critiques que le général comte Belliard fut accrédité à Bruxelles ; sa mission avait pour but de maintenir la paix si essentielle dans l’intérêt du nouvel État comme dans l’intérêt de l’Europe ; de convaincre le gouvernement que l’admission de la Belgique dans la grande famille des États européens, si elle lui créait des droits dont elle pouvait, à juste titre, se montrer jalouse, lui avait imposé, en même temps, des obligations qu’elle ne pouvait méconnaître sans injustice ni sans danger. Le nouveau ministre du gouvernement français devait surtout s’efforcer d’obtenir la levée du blocus de Maestricht ; il devait aussi amener le gouvernement du régent à adhérer aux dispositions du protocole du 20 janvier, qui assurait à la Belgique son indépendance, sa séparation définitive de la Hollande et l’exclusion de la maison de Nassau. Il lui était recommandé d’ailleurs de s’abstenir de toute intervention dans le choix d’un candidat à la royauté.

Les conseils pleins de sagesse, de prudence et de loyauté du comte Belliard parvinrent non sans peine à ramener vers des idées d’ordre et de paix les hommes qui étaient à la tête du mouvement et que de nombreux mécomptes avaient naturellement rendus irritables et soupçonneux ; il réussit, au milieu de tant d’écueils, de complications et de difficultés de toute espèce, à préserver l’État naissant de cet esprit de guerre et d’anarchie toujours prêt à compromettre sa cause. Il eut à lutter également contre les menées de l’Angleterre dont le représentant, lord Ponsomby, par ses manœuvres et ses intrigues, entretenait un état d’irritation et de violence qui eût pu devenir pour la Belgique une cause infaillible de désastre et de ruine. Enfin l’arrivée à Bruxelles du comte Belliard ramena bientôt la confiance ; ses paroles, qui devaient leur puissance à la droiture de son caractère et à la loyauté de ses intentions, exercèrent la plus salutaire influence ; elles ne parvinrent pas cependant à convaincre les Belges de la nécessité de s’organiser en forces régulières. Éblouis par les succès faciles qu’ils avaient obtenus sur les Hollandais, ils se figuraient que le patriotisme suffisait pour vaincre une armée en campagne. Ils furent cruellement désillusionnées à cet égard, lorsqu’au mois d’août 1831, les Hollandais envahirent brusquement la Belgique. Dans cette circonstance, comme toujours, le comte Belliard ne perdit pas un instant pour sauver la nationalité belge. Sur la demande du roi Léopold, il appela l’armée française et courut à Louvain, au quartier général du prince d’Orange, arrêter la marche de l’ennemi. Dans les négociations qui suivirent cet événement, le comte Belliard redoubla d’activité pour combattre les sérieuses difficultés que les intrigues de la diplomatie ne cessaient de faire renaître. Mais tant de travaux avaient profondément altéré sa santé ; le 28 janvier 1832, en sortant du palais du roi, il fut frappé d’une attaque d’apoplexie foudroyante. La Belgique, pour reconnaître les services éminents qu’elle devait au ministre français qui avait si puissamment contribué à fonder son indépendance, lui éleva une statue, dans le quartier du Parc, à Bruxelles.

Général Guillaume.

Mémoires du comte Belliard. — Correspondance officielle du comte Sébastiani. — Journaux du temps.

BELLO (Pierre), poëte du xviie siècle, naquit à Dinant, probablement dans les premières années de ce siècle. Il embrassa l’état ecclésiastique et fut nommé recteur de la chapelle Saint-Laurent, dans sa ville natale. Plus tard, il obtint la cure de Jemeppe-sur-Sambre. Bello avait du goût pour la poésie et consacrait ses loisirs tant à la muse tragique qu’à la muse lyrique. L’époque de sa mort nous est inconnue. On connaît de Bello : 1° Tragédie sur la vie et martyre de saint Eustache, par M. Pierre Bello, Dinantois, recteur de la chapelle de Saint-Laurent, à Dinant. Liége, Jean Ouwerx, 1632, petit