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les plus rares de la maison Beller de Douai ; et il est avéré qu’elle a mis au jour des ouvrages considérables en même temps que de petits volumes en latin, en français et en d’autres langues. Il existe un catalogue des impressions qu’elle avait exécutées au bout de peu d’années et d’un assortiment de livres de tout genre, théologie, sciences, éducation, piété, dont elle faisait commerce : Thesaurus bibliothecarius, sive Cornu copiæ librariæ Bellerianæ, cum duobus supplementis ; in-4o de 58 p., ann. 1603-1605. Encore unie à nos provinces, soumise au même gouvernement, la ville de Douai, comme l’a dit M. Duthillœul, était, au commencement du xviie siècle, « un centre d’instruction vraiment imposant, puisqu’un de ses libraires tenait une pareille collection de livres à la disposition des professeurs et des étudiants. » Sans nul doute, Balthazar Beller était un homme non moins instruit que ses confrères qui ont écrit de leur main des notes, des préfaces, des dédicaces dans les livres qu’ils publiaient. Il avait mis quelques vers latins à l’adresse de toutes les facultés en tête du catalogue que nous venons de mentionner :

Thesaurum damus. Ecquis hune recuset ?
Et gratis damus. Ecquis hune maligna
Contractet, legat, aut manu revolvat ?

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Parmi les publications importantes qui firent honneur à Douai, à l’activité du typographe anversois, nous citerons uniquement les Biblia sacra, édition en six volumes in-folio (1617), imprimée avec le concours de Jean Kerberg d’Anvers ; la Bibliotheca mundi et le Speculum quadruplex de Vincent de Beauvais, la dernière édition d’un Miroir, justement célèbre entre les Encyclopédies du moyen âge (4 vol. in-folio d’environ 2,000 pages, année 1624), et enfin le grand ouvrage d’André Hoius, de Bruges, professeur royal d’histoire et d’éloquence à Douai : Historia sacra et profana, etc., (1629, in-folio.) Nous releverons surtout, en l’honneur d’un commentateur formé dans les écoles belges, la réimpression, à Douai, des éditions de Virgile et d’Horace publiées auparavant chez Plantin, à Anvers, par les soins de Théodore Pulmannus ou Poelman. Balthazar Beller fournit à Douai une belle carrière sous le gouvernement des archiducs ; on sait qu’il fut mandé en 1600, à Bruxelles, devant leur conseil privé, pour avoir imprimé les Slatuta synodi Diocesanæ Tornacensis, sans avoir demandé l’autorisation civile. On présume que l’imprimeur de Douai, du prénom de Balthazar, est mort vers le milieu du xviie siècle ; mais que son entreprise a été continuée par un fils du même prénom, jusqu’à l’année 1691 ; car il est naturel de partager entre deux hommes la direction d’un semblable établissement qui a publié grand nombre d’ouvrages connus dans le cours d’un siècle (1590-1691). C’est sans doute la veuve du second des Balthazar Beller qui a maintenu l’établissement de 1691 à 1713, et des membres de la même famille ont poursuivi l’entreprise plus tard encore, comme le prouvent des livres publiés de l’an 1713 à l’an 1722. On peut donc affirmer que les Beller de Douai ont soutenu pendant un siècle et demi, la concurrence des maisons fondées par des étrangers qui cultivèrent le même art après la fermeture de la maison renommée de Jean Bogard, mort en 1634.

Félix Nève.

Article de M. de Reiffenberg sur Jean Bellere dans la Biographie universelle, t. LVII, suppl., 1854. — Bibliographie douaisienne ou Galerie des livres imprimés à Douai depuis l’an 1563, par M. H.-R. Duthillœul ; nouv. éd. considérablement augmentée. Part. I. Douai, 1842, 1 vol. gr. in-8o ; part. Il (de l’année 1563 à 1853). Ibid., 1854, gr. in-8o. Voir t. I. pp. 69-143, 260-63, 264-66, app. p. 459. Ibid., Notices biogr., pp 405-406, t. II, pp. 12-18, 37-38, app. pp. 137-139.

BELLER (Luc), frère de Jean Beller d’après Villenfagne, imprimeur de Liége, originaire d’Anvers. Établi à Liége à la fin du xvie siècle, il y résida pendant une grande partie du xviie ; il y fut considéré comme un des plus anciens imprimeurs qui aient exercé leur état dans la cité liégeoise, et on place sa mort l’an 1564. On fait vivre dans le même temps un autre Luc Beller qui serait un des fils de Jean, et qui aurait brillé comme poëte latin. Ce second Luc, qui serait mort le 19 août 1606, aurait traduit en latin le Voyage