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Bruxelles attribue à Bekker une certaine part dans les travaux de ses élèves. La vérité est que pour les deux ouvrages composés par le plus ancien d’entre eux il veilla à ce qu’ils ne vissent le jour qu’après avoir été élaborés avec le plus grand soin : ils devaient être pour l’étranger la montre des productions de son enseignement. Mais il n’exerça plus la même surveillance sur les publications de ses élèves postérieurs. Celui qui écrit ces lignes peut affirmer que ses trois dissertations académiques n’ont reçu ni une addition ni une correction de la main du maître.

A Bekker revient le mérite d’avoir tiré les études de philologie classique du sommeil, deux fois séculaire, dont elles avaient dormi à l’Université de Louvain. Aucune autre des universités belges ne produisit avant 1830 un aussi grand nombre de jeunes philologues qui, disséminés dans nos colléges, y introduisirent une heureuse moditication dans la manière d’expliquer les auteurs anciens.

La mesure illibérale qui, à la révolution de 1830, frappa la plupart des professeurs étrangers au pays, respecta Bekker. Non-seulement il conserva alors ses fonctions, mais lorsque, cinq ans plus tard, à la nouvelle organisation de l’enseignement supérieur, il fut transféré à Liége, c’est lui que la confiance du gouvernement investit le premier de la dignité de recteur.

L’Université de Liége ne le posséda pas longtemps ; un mal lent, dont un des symptômes fut un affaiblissement considérable de la vue, l’enleva le 27 avril 1837, dans la quarante-cinquième année de son âge.

Pendant les vingt années de sa carrière professorale, il se consacra tout entier à ses élèves et presque tous les ouvrages qu’il publia dans cet intervalle concernent l’enseignement. Si sa vie se fût prolongée, il eût sans doute travaillé davantage pour la science et pour sa réputation. Dans la préface de son Spécimen sur la vie d’Apollonius de Philostrate, il avait annoncé le projet d’éditer un jour cet ouvrage. Ses notes furent envoyées après sa mort à M. le professeur Kayser, de Heidelberg, qui préparait lui-même une édition des œuvres complètes du sophiste grec. Mais ce savant n’y trouva rien d’important qu’il pût mettre à profit pour son travail.

En 1834, l’Académie royale de Bruxelles admit Bekker dans son sein comme membre de la classe des lettres ; il était déjà depuis plusieurs années membre de l’Institut des Pays-Bas. Voici la liste de ses publications : 1° Specimen variarum lectt. et obss. in Philostrati vitæ Apollonii lib. I, edidit et schol. mst. adjecit. Acced. Fr. Creuzeri annott. Heidelberg, 1818, in-8o. — 2° Oratio de lectione Auctor. Gr. eloquentiæ politicæ et forensis duce ac magistra. Lovan., 1823. C’est le discours prononcé à sa sortie du rectorat, à Louvain. — 3° Rudimenta linguæ Hebraïcæ, ad usum alumnorum collegii philosophici. Lov., 1826, in-8o. Bekker avait été chargé de l’enseignement de l’hébreu dans cet établissement annexé alors à l’Université de Louvain. — 4° Isocratis or. ad Demonicum. Acc. index, græc.-lat. Lovan., 1827, in-8o. — 5° Odyssea mikra. Odyss. Homer. rhaps. VI. notis et indicibus instr. Lov.,1829, 8°. Bekker a en outre traduit en allemand les Vies des Sophistes et les Lettres de Philostrate, pour la collection des prosateurs grecs publiés à Stuttgart par Tafel et Osiander. Les Heidelberger Jahrbücher contiennent de lui quelques critiques littéraires, et les bulletins de l’Académie deux ou trois rapports.

J. Roulez.

BELDERBUSCH (Charles-Léopold VON HEYDEN, comte DE), écrivain et homme d’État, naquit en 1749, au château de Terworm, près de Meersen, dans le Limbourg néerlandais. Appartenant à une ancienne et noble famille du pays de Cologne, il fit ses études en cette ville, où l’un de ses oncles occupait le poste élevé de grand-maître héréditaire de la cour électorale. Entré lui-même dans la carrière des emplois publics, il devint, en 1785, l’agent du prince-électeur Maximilien-François à la cour de Louis XVI. Jeune, spirituel, maître d’une fortune immense, prodigue dans ses encouragements aux arts et aux lettres, il ne tarda pas à se faire remarquer