Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


André Beauneveu vivait encore en 1390 ; il dirigeait alors les artistes sculpteurs et peintres qui embellissaient le château du duc de Berry, oncle du roi Charles V, à Mehun-sur-Yèvre. Ce château, situé à quelques lieues de Bourges, était la plus somptueuse habitation princière qu’il y eût en France. Le duc dépensa à l’édifier et à le décorer plus de trois cent mille francs, monnaie de l’époque. Le chroniqueur Jean Froissart rapporte qu’en octobre 1390, le duc de Berry y séjourna quelque temps et qu’il y « devisoit au maistre de ses ouvriers de taille et de peinture, maistre Andrieu Beaunepveu, à faire de nouvelles images et peintures ; car en telles choses avoit-il grandement sa fantaisie de toujours ouvrer de taille et de peinture ; et il étoit bien adressé, car dessus ce maistre Andrieu n’avoit pour lois meilleur ni le pareil en nulles terres, ni de qui tant de bons ouvrages fussent demeurés en France ou en Hainaut, dont il étoit de nation, et au royaume d’Engleterre. » Pour être ainsi élevé au-dessus des maîtres contemporains, par l’historien Jean Froissart, l’artiste sculpteur devait posséder un remarquable talent. En 1364, dit le baron Kervyn de Lettenbove, dans son Étude littéraire sur le xive siècle, André Beauneveu fut charge par Charles V de faire des tombes et, « comme peintre, il orna de plusieurs histoires un psautier très-richement enluminé du duc de Berry. » Peut-être cette œuvre de peinture fut - elle seulement exécutée sous sa direction. — Le comte de La Borde (Études sur les arts aux temps des ducs de Bourgogne) cite un Pierre Beauneveu, qui travailla en 1388-1390 avec Claux Sluter, le sculpteur de tombeaux à la Chartreuse, de Dijon.

Edm. De Busscher.

Messager des Sciences historiques de Belgique. — Alex Pinchart, Archives des Arts, 1860, t. XXVIII, pp. 346-350 ; 1863, t. XXXI, pp. 31-34. — Manuscrit : Documenta capituli Cortracensis, t. IV, pp. 415-421. (Biblioth. Goethals-Vercruysse.) Chroniques de Froissart, livre IV, chap. XIV, ed. Buchon.

BEAUSARD (Pierre), docteur en médecine et mathématicien, plus connu sous le nom latinisé de Beausardus, né à Louvain l’an 1535, mort dans la même ville, le 12 août 1577.

L’on ne possède guère de renseignements sur la jeunesse et la première éducation de Pierre Beausard ; les biographes les mieux en mesure de nous renseigner à cet égard, tels que Molanus et Valère André, se bornent à vanter, en termes concis, la réputation acquise à notre savant comme helléniste, mathématicien et professeur de l’Alma Mater ou ancienne Université de Louvain. Il semblerait résulter de ces indications, que la vie de Beausard, circonscrite au monde des idées, se soit écoulée toute entière dans les murs de sa ville natale. C’est, en effet, là qu’il grandit comme homme et comme érudit ; c’est là qu’il élabore et met au jour ses ouvrages ; c’est enfin là qu’il meurt au moment même où il vient d’être chargé d’une glorieuse mission, qui constitue le fait capital de sa carrière.

Le pape Grégoire XIII ayant décidé, d’après les conseils de l’astronome italien Louis Lilio, de procéder à la reforme du calendrier julien établi par César, voulut, avant de procéder à cette mesure, en soumettre les moyens d’exécution à l’examen de l’Université de Louvain ; celle-ci chargea aussitôt deux de ses membres, Cornélius Gemma et Beausardus, d’aller à Rome exprimer l’opinion collective de l’institution universitaire ; mais la peste, qui sévissait alors cruellement, emporta les délégués avant qu’ils eussent commencé leur voyage, et l’on pouvait redouter qu’il ne fût impossible de suppléer à leurs lumières, quand on découvrit heureusement, au domicile de l’un d’eux, le rapport qu’ils avaient rédigé et déjà revêtu de leurs signatures. Le choix fait en une telle occurence démontre l’estime dont Beausard jouissait et dont ses ouvrages ne sauraient nous donner qu’une idée fort incomplète. L’un, intitulé : Annuli astronomici usus (Louvain, 1555), n’est qu’un mince opuscule ; l’autre, Arithmetices praxis (Louvain, 1573), forme un traite d’arithmétique si élémentaire qu’on peut s’étonner que l’auteur en ait avoué la pa-