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tons et de carabiniers à cheval. A la prise de Piska, le 30 septembre 1620, il eut un œil crevé en montant à l’assaut. La guerre finie, il rentra en Belgique assez à temps pour prendre part aux obsèques de l’archiduc Albert. Le 29 août 1622, il se trouva à Fleurus, comme mestre de camp, opposé à Ernest de Mansfeld, qu’il avait combattu avec succès en Bohême. Cette fois, cependant, il se trouva doublement du côté des vaincus, car il n’avait pas été heureux dans ses négociations avec le célèbre aventurier flamand. Son amour-propre souffrit aussi peu de ces revers que sa fortune. Trois fois des ambassades extraordinaires lui furent confiées; deux fois à la cour de France, une fois à celle de l’empereur d’Allemagne. Il reçut encore, en 1622, le collier de la Toison d’or, et fut appelé au gouvernement de la Flandre wallone. Mais avec tout cela, le duc Alexandre était bien le digne fils de son père. Les bienfaits ne l’attachaient point. Il se laissa entraîner, en 1632, par ses deux beaux-frères, le prince d’Espinoy et le duc d’Arschot, dans une nouvelle ligue des gens d’Arras, dont le but, au rebours de la première, était de poursuivre l’émancipation politique des provinces belges. La logique triomphait en ce moment-là des préjugés, des rancunes particulières et des calculs ambitieux; mais l’énergie, la décision, l’intelligence nécessaires à des conspirateurs sérieux manquaient à ces gentilshommes. Ils échouèrent pitoyablement. Le gouvernement espagnol dissimula pendant quelque temps avec eux; ils se croyaient pardonnés quand, tout à coup, au mois de mars 1634, le grand conseil de Malines les foudroya par de terribles sentences. Le duc Alexandre et son beau-frère, le prince d’Espinoy, se sauvèrent en France. Leurs biens furent mis sous le séquestre. Anne de Melun, duchesse de Bournonville, qui s’était retirée aux Carmélites d’Anvers, y fit venir, en 1656, de Lyon, le corps de son mari et le déposa sous un riche mausolée.

C. A. Rahlenbeck.

Doze fratos de la muy antigua y ilustre casa de Bournonville, 1680, p. 111, 141-144. — Le Mausolée de la Toison d’or, Amsterdam, 1689, p. 347. — Histoire de l’Archiduc Albert, Cologne, 1693, passim. — Théod. Juste, Conspiration de la noblesse Belge contre l’Espagne en 1632, Brux., 1851, pp. 27, 63, 75-76, 83-85. — Archives du royaume de Belgique. — Papiers Roose, t. LXIX. — Apologie pour le feu duc Alexandre de Bournonville. — Papiers de la maison de Coloma. — Documents particuliers.

BOURNONVILLE (Oudart DE), homme de guerre, baron de Capres, de Barlin et de Houllefort, seigneur de Hennin-Liétard et de Ranchicourt, naquit en 1533 et mourut le 28 décembre 1585. Il figure au nombre des pages de l’empereur Charles-Quint qu’il suivit, en 1547, aux guerres d’Allemagne. Comme tant d’autres gentilshommes belges, il signa le compromis de 1566 sans trop savoir à quoi il s’engageait. Marguerite de Parme, cependant, l’ayant accueilli avec une extrême bienveillance, quand il vint lui présenter ses excuses et lui offrir ses services, il alla rejoindre, en janvier 1567, avec deux cents piétons wallons, le grand bailli de Noircarmes sous les murs de Valenciennes. Après la reddition de cette ville, il équipa à ses frais une troupe de cavaliers peu nombreuse mais choisie;à leur tête il servit sous les ordres du comte d’Aremberg, et, pendant l’automne de 1568, dans les rangs de l’armée espagnole commandée par le duc d’Albe.

On lui donna en récompense de son grand zèle pour les affaires du roi le gouvernement de Louvain. En 1572, il assista au siége de Mons, fit la campagne de Zélande, et se rendit de là, avec son régiment, sous les murs de Harlem et de Naarden. Strada suppose que ce fut pendant son séjour en Hollande que le prince d’Orange tenta de le gagner à sa cause en lui offrant la charge de grand amiral de Flandre. Bournonville (qu’on appelait dans ce temps-là le seigneur de Capres) avait trop de mal à se faire pardonner une première défection pour en tenter une seconde. S’il prit les armes contre les Espagnols en 1576, pendant le sac d’Anvers, ce fut par un mouvement de généreuse indignation que nous ne saurions blâmer. Fait prisonnier par les soldats mutinés en même temps que le comte d’Egmont, le sire de Goignies et quelques autres officiers belges, il fut cruellement insulté et maltraité par eux. Son ressentiment le poussa à embrasser