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pages et allèrent au poste de la Bocchetta, poursuivis sans cesse par de simples paysans, et forcés enfin d’abandonner ce poste et de fuir jusqu’à Gavi. » Marie-Thérèse, loin de témoigner aucun ressentiment au marquis de Botta, l’éleva, après la conclusion du traité d’Aix-la-Chapelle (18 octobre 1748), à l’un des postes les plus envies de la monarchie autrichienne.

Le 2 avril 1749, deux mois après que les Impériaux eurent repris possession de Bruxelles, le général marquis de Botta-Adorno arriva dans cette ville en qualité de ministre de l’impératrice auprès et sous les ordres de Charles de Lorraine. Il succédait au comte Kaunitz-Rittberg qui, avant la guerre de la succession d’Autriche, occupait cette haute position. Le 21 avril, le marquis de Botta recevait le prince Charles, gouverneur général, à Tirlemont, et le surlendemain présidait à son entrée publique à Bruxelles. Lorsque le prince se trouvait dans les Pays-Bas autrichiens, le marquis de Botta lui abandonnait les rênes du gouvernement : la Gazette de Bruxelles l’appelait alors « ministre impérial, » c’est-à-dire, le premier après le gouverneur général, le principal conseiller, le ministre dirigeant du prince Charles. Il assistait à tous les conseils; il prenait connaissance de toutes les affaires d’État; il travaillait presque chaque jour avec le gouverneur général, tâchant, selon des expressions contemporaines, de procurer tout le soulagement possible à ces provinces, que la dernière guerre avait appauvries et énervées. L’acte le plus important du ministère du marquis de Botta fut l’octroi et le creusement du canal de Gand à Bruges. Déjà, au mois de mai 1749, il avait, avec le prince Charles, visité la Flandre et, au mois d’août suivant, il l’avait accompagné à Anvers dont la décadence était alors profonde. Il se trouvait également, le 14 avril 1750, à l’abbaye de Saint-Bernard, où le prince Charles eut une entrevue avec le stathouder des Provinces-Unies. Quelques jours après, le prince partait pour Vienne, et son absence devait se prolonger pendant quatre mois. Déployant alors, en vertu de sa commission, la qualité de ministre plénipotentiaire, c’est-à-dire, de représentant direct de l’impératrice, le marquis de Botta prit, jusqu’au retour du prince, le premier rang dans les cérémonies publiques en même temps qu’il se trouvait effectivement à la tête du gouvernement. L’année suivante, le prince étant retourné à Vienne, le marquis fit l’intérim pendant cinq mois. En 1753, il dut encore prendre les rênes du gouvernement. Du reste, il représentait avec beaucoup de magnificence, donnant fréquemment de grands repas aux ministres indigènes et étrangers, ainsi qu’aux autres personnes de la première distinction. Il s’occupait aussi, avec la plus grande assuidité, de tout ce qui concernait le militaire, passant les troupes en revue et assistant à leurs exercices. Il n’avait ni l’intelligence de son prédécesseur, le comte de Kaunitz, ni la puissante initiative qui distingua son successeur, le comte de Cobenzl; mais il travaillait consciencieusement à réparer les maux de la dernière guerre en ranimant le commerce, et à rendre les Pays-Bas moins vulnérables, en veillant, comme nous l’avons dit, à l’instruction et à la bonne organisation des troupes. Bien accueilli dans la haute société, il souhaitait cependant de quitter la cour du prince Charles pour se retirer en Italie. Ces vœux allaient être exaucés.

Le 13 mai 1753, jour anniversaire de sa naissance, l’impératrice-reine, avant de dîner en public avec l’empereur François de Lorraine, fit déclarer, selon l’usage, les « promotions » qu’elle avait arrêtées. Elle conférait, entre autres, au comte de Kaunitz-Rittberg la charge de chancelier de cour et d’État; au marquis de Botta-Adorno, ministre plénipotentiaire aux Pays-Bas, celle de ministre plénipotentiaire de l’empereur en Italie; au comte de Cobenzl, « ci-devant ministre plénipotentiaire de Leurs Majestés aux Cercles antérieurs de l’empire, » celle de ministre plénipotentiaire aux Pays-Bas. Le 19 août, le comte de Cobenzl arriva à Bruxelles dans un des carrosses du marquis de Botta, que celui-ci avait envoyé à sa rencontre, et, le 16 septembre, il prit possession, avec les cérémonies