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bleaux jugés dignes de former les premiers éléments d’une collection[1]. Il s’en fallait cependant que l’existence de ce musée fût prochaine. Non-seulement il restait à vaincre les lenteurs habituelles de l’administration, mais il fallait découvrir un local convenable, et Bosschaert, après avoir entamé d’infructueuses négociations pour obtenir l’église des Jésuites ou celle des Minimes, après avoir reconnu les inconvénients inhérents à celle du Grand-Béguinage et à celle de la Chapelle, dut se contenter des bâtiments de l’ancienne Cour, ceux mêmes où depuis lors sont restées installées les collections de l’État.

Cet obstacle étant levé, le conservateur du futur musée, déjà désireux de l’agrandir, commença aussitôt des démarches qui durèrent plusieurs années. Il agissait tantôt auprès de l’autorité municipale et du préfet; tantôt auprès du délégué du département de la Dyle, envoyé à Paris; d’autrefois encore, il entamait, avec ardeur, des négociations officielles ou officieuses dans le but d’obtenir « une quarantaine de tableaux parmi ceux qui n’auraient pas été choisis pour le Musée du Louvre. » Les mois s’écoulaient cependant sans qu’il obtînt autre chose que des réponses vagues ou des promesses évasives; mais les difficultés mêmes paraissaient exciter son zèle; il faisait mouvoir tous les ressorts, profitait des moindres circonstances et savait habilement mettre en relief la légitimité de ses réclamations. « S’il est juste, écrivait-il, que Paris, comme centre commun, réunisse les meilleures choses, il l’est également qu’après avoir fixé son choix, il accorde, en restitution ou en remplacement, aux départements réunis, la surabondance de ses richesses. Et quel département a plus de droits que le nôtre à la surabondance de ces richesses? N’est-ce point à nos artistes que le musée de la capitale doit son principal éclat? »

En retournant souvent à Paris, en y frappant à toutes les portes, il parvint graduellement à intéresser au succès de ses démarches des membres du clergé, de l’armée, de la faculté de médecine, notamment le célèbre Corvisart. Tant de persévérance fut couronnée de succès : le musée s’ouvrit à la fin de messidor an xi (1803), après six ans de négociations : les premières démarches dataient de l’année 1797. Le catalogue publié par Bosschaert comprenait deux cent cinquante numéros; mais l’arrangement des salles étant incomplet, la moitié des tableaux seulement fut visible. Les greniers en étaient encore pleins cependant; Bosschaert y fit un nouvel examen et le préfet consentit, sur son avis, non pas à en restituer, mais à en prêter aux églises, qui se trouvaient complètement dépouillées. Pour donner une idée de l’abondance de ces œuvres, il ne sera pas inutile d’ajouter que l’église Sainte-Gudule obtint cent vingt-cinq de ces tableaux, celle de la Chapelle cent cinquante-six, celle de Notre-Dame des Victoires cinquante-trois, et que beaucoup d’autres églises de Bruxelles obtinrent des lots moins considérables. Bosschaert se disait néanmoins qu’en pareille matière, la quantité ne saurait suppléer à la qualité, et comme il était surtout avide des productions des grands maîtres, il recommença, dès 1804, ses sollicitations à Paris, afin d’obtenir un certain nombre de toiles, forcément éliminées du Louvre pour faire place à celles que les conquêtes du nouvel empereur ne cessaient d’y amener. Pendant plusieurs années, il apporta le même zèle, la même ténacité, à ces négociations, et elles réussirent alors que, lassé d’une aussi longue poursuite, il désespérait du succès. Par lettre du 1er avril 1811, le préfet annonçait au maire de Bruxelles le don de trente et un tableaux provenant de la collection du Louvre. Bosschaert fut aussitôt chargé d’aller les prendre

  1. Une ordonnance de l’administration municipale porte : « que le jury sera composé de neuf membres : les citoyens, Lens, ainé, peintre; François, peintre; Janssens, sculpteur; Forteyll, rentier; Debiefve, père, rentier; Le Roy, peintre; Marneffe, marchand de tableaux; Thys, restaurateur de tableaux; Bosschaert, peintre. » Catalogue historique et descriptif du Musée royal de Belgique. C’est à ce catalogue, rédigé par M. Ed. Fetis, après de longues et consciencieuses recherches,que sont empruntés les faits biographiques contenus dans cette notice.