Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/368

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commentaire de Melanchton sur saint Paul et prouva qu’il avait bien retenu l’explication de ce protestant. L’évêque lui témoigna qu’il était satisfait, mais qu’il lui conseillait de cacher ces sortes de livres pour ne pas s’exposer, lui et ses amis, à de mauvaises affaires, surtout pendant que Jean-Baptiste Centenario, légat du pape, se trouvait en ces quartiers. »

L’évêque envoya Bording achever ses études de médecine à l’Université de Montpellier, où il l’entretint sur sa cassette particulière. Après la mort de son protecteur, arrivée le 24 septembre 1538, il quitta Montpellier avec l’intention d’aller entendre en Italie les princes de la science médicale. Des circonstances indépendantes de sa volonté l’empêchèrent d’exécuter ce projet. S’étant arrêté quelque temps à Carpentras où il connaissait diverses personnes, l’évêque Jacques Sadolet qui, lors de son séjour à Rome, avait entendu faire l’éloge de la grande érudition de Bording, lui offrit la principalité du collége de cette ville. Il l’accepta et il s’acquitta d’une manière distinguée de ses fonctions. En 1539, âgé de vingt-sept ans, il s’unit en mariage à Françoise Negroni, fille de Termo Negroni, patricien de Gênes, et de Jeanne de Roschelle d’Avignon.

Peu de temps après son mariage, Bording revint à Anvers pour revoir ses parents et mettre ordre à ses affaires. Il retourna ensuite reprendre la direction du collége de Carpentras et ce ne fut qu’en 1540 qu’il put enfin mettre à exécution le projet d’entendre les sommités médicales de l’Italie, Recommandé par l’évêque Sadolet aux professeurs Romulus Amasœus, Scipion Blanchinus et Virgile Gerardus, il fut bien accueilli et obtint, dans le courant de la même année, le bonnet de docteur à l’Université de Bologne.

Après sa promotion, il vint rejoindre sa femme à Carpentras, dans le dessein de s’y fixer comme médecin praticien. Malheureusement le luthéranisme, qu’il avait embrassé dans les derniers temps, le priva de la protection de l’évêque et lui ôta l’espoir d’y vivre trauquillement. Il quitta donc cette ville et rentra à Anvers vers le commencement de 1541.

Bording y acquit bientôt une grande vogue; possédant à fond diverses langues, il fut très-recherché des étrangers. Il y enseigna aussi publiquement l’anatomie et la chirurgie à l’école de chirurgie;mais le même motif qui lui avait fait quitter Carpentras, l’obligea à fuir sa ville natale. En présence des édits de Charles-Quint, Bording se rendit à Hambourg, où il pratiqua son art pendant cinq ans. Au bout de ce temps sa réputation de savant praticien était établie dans toute l’Allemagne du Nord. Le duc Henri de Mecklembourg l’appela à Rostock, pour être son médecin et pour remplir les fonctions de professeur à l’Université. Il y enseigna pendant sept ans l’hygiène, la physiologie et la pathologie et acquit une telle renommée que Christiern III, roi de Danemark, l’appela, en 1556, à Copenhague pour en faire son médecin et le nommer professeur à la Faculté de médecine. Il jouit de tant de considération à la cour que le roi Frédéric II, fils et successeur de Christiern III, le retint à son service. Lorsque ce malheureux monarque mourut, en 1559, au château de Calundberg, Bording fut chargé de firire l’autopsie. Il ne conserva pas longtemps une aussi belle position : après avoir été recteur de l’Université, il mourut dans la cinquantième année de son âge, le 5 septembre 1560.

Bording entretenait des relations avec un grand nombre de savants d’Allemagne, de France et d’Italie. Il possédait de profondes connaissances en médecine, en linguistique, en musique, en philosophie et en théologie. Il fut enterré dans l’église cathédrale de Copenhague, où son fils Jacques lui consacra une épitaphe. Sa veuve et ses enfants s’étant retirés à Rostock, érigèrent également à sa mémoire, en l’église de Notre-Dame de cette ville, un mausolée digne de ce savant.

Bording a procréé neuf enfants parmi lesquels nous citerons : 1° Philippe, né à Anvers le 1er mai 1542, docteur en médecine et en philosophie. Il pratiqua son art à Stralsund et y mourut de la peste