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il publia sa grande Bible rabbinique[1]. En 1520, il commença l’impression du Talmud de Babylone, en douze volumes in-fol.[2]. Il réimprima trois fois cet immense recueil, et chaque édition lui coûta cent mille écus. On lui doit aussi la première impression de la Concordance hébraïque du Rabbin Isaac Nathan[3]. Dans les innombrables volumes qui sortaient de ses presses, Bomberg porta son art à la perfection. Plus de cent correcteurs juifs étaient attachés à ses ateliers, et, au témoignage peut-être exagéré de Scaliger, il dépensa, en frais de toute nature, au delà de trois millions d’écus. Nicolas Cleynaerds, juge très-compétent en cette matière, affirme que les livres de Bomberg allaient pour ainsi dire trouver les Juifs en Égypte, en Afrique, aux Indes et dans toutes les parties de la terre. La reconnaissance du monde savant et la conscience du devoir noblement accompli furent ses seules récompenses. Malgré sa vie simple et modeste, Bomberg mourut à peu près ruiné.

J.-J. Thonissen.

Maitlaire, Annales typographici, t. II, p. 140-143, 309, 621. — Lelong, Bibliotheca sacra, t. I, pp. 17 et 96 (Halæ, 1778). — Nic. Clenardi epistolarum libri duo, lib. I, p. 59 et 60 (edit. Plantin., 1666). — Scaligeriana, p 51 (Leyde, Driehuysen, 1668). — Brunet, Manuel (5e édit.), t. Ier, pp. 856 et 859; t. IV. p. 19; t. V. p. 650. — Richard Simon, Histoire critique du vieux Testament, pp 512 et 513 (Rotterdam, Leurs, 1685). — Bayle, Dictionnaire historique. — L’abbé Goujet, Supplément au dictionnaire de Moreri. — Foppens, Bibliotheca belgica. — Wolf, Bibliotheca hebraica. — Bartolocci, Bibliotheca rabbinica. — F. Hoeffer, dans la Biographie générale de Didot, v° Bomberg. — Chiarini, le Talmud de Babylone, Prolégomènes, p. 42 et suiv.

*BOMMEL (Corneille-Richard-Antoine VAN), évêque de Liége, né à Leyde le 5 avril 1790, mort à Liége le 7 avril 1852. Il appartenait à une famille de commerçants, ancienne et considérée, qui s’était toujours distinguée par un attachement inébranlable à la foi catholique. Sa mère, femme foncièrement pieuse et de grand mérite, dirigea sa première éducation, avec le concours d’un prêtre français, émigré en Hollande; mais cette instruction de famille dura peu. Ayant perdu son père en 1803 et sa mère deux ans après, il fut envoyé au collège de Willingshegge, près de Munster, où il fit d’excellentes études sous des prêtres français réfugiés, et plus tard au Borght, école supérieure, tenue par les mêmes professeurs. Quoique sa famille s’y opposât vivement, il résolut ensuite d’embrasser l’état ecclésiastique et s’y prépara sous la direction du célèbre Overberg, alors président du séminaire de Munster. L’abbé Van Bommel fut ordonné prêtre en 1816 par Mgr Gaspar Droste de Visschering, dont on connaît la belle conduite au prétendu concile de Paris.

Aussitôt qu’il fut de retour dans sa patrie, il s’occupa de mettre à exécution un projet que lui avaient inspiré le prélat et le pieux Overberg, celui de fonder en Hollande un collége catholique pour y former des jeunes gens à la piété et à la science. Avec le concours des abbés Camille de Wykerslooth[4] et Corneille van Niel[5], ses anciens condisciples et ses émules, il fixa cet établissement à Hageveld, près de Harlem, et lui imprima une direction excellente. En peu d’années la maison conquit une haute estime, non-seulement parmi les catholiques, mais même parmi les protestants de la Hollande septentrionale. Cependant les ministres du roi Guillaume avaient résolu de détruire toutes les écoles catho-

  1. Biblia Hebraïca, cum Masora, Targum, necnon commentariis Rabbinorum, etc. C’est, à tort que Maitlare et beaucoup d’autres bibliographes assignent à cette édition la date de 1518. — Comme l’ouvrage, dédie à Léon X, laissait à désirer et qu’il ne tarda pas à être de la part des Juifs l’objet de critiques fondées, Bomberg en fit paraître une nouvelle édition en 1526, en quatre volumes in-folio, sous la direction du célèbre Rabbin Jacob Chaiim. Une troisième édition parut en 1547.
  2. Talmud babylonicum integrum ex sapientium scriptis et responsis compositum a Rab. Aser, additis commentariis Rab-Salomonis Jarchi et Rab. Maïmonidis, etc., hebraïce. Veneitiis, 1520-1522. En 1524, Bomberg ajoute à cette vaste collection un treizième volume renfermant le Talmud de Jérusalem.
  3. Nathan (R. Isaaci) Meier nathib (Illuminans vitam) seu concordantiæ biblicæ, etc., hebraïce, in-fol. 1525.
  4. Mort évêque de Curium in partibus, en 1841.
  5. Décédé à Gand, le 30 novembre 1829.