Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/347

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La poétique composition de Quellin représente le héros passant sous l’arc triomphal érigé par la Flandre. Il est accompagné d’un cortége de vertus : la Modération, la Prudence, la Force, la Justice. Accueilli par la Pucelle de Gand, symbole de la métropole flamande, il est acclamé par des génies, personnifiant par leurs écussous les villes reconquises, tandis que la Guerre et ses Furies fuyent épouvantées. Les figures importantes sont entièrement de la main de Bolswert. L’estampe est d’un effet grandiose ; l’artiste, en la terminant à si bref délai, a exécuté un tour de force vraiment digne du célèbre graveur de Rubens et de Van Dyck. Le portrait de Léopold-Guillaume est très-ressemblant : le prince accorda, à cet effet, au peintre, des séances particulières. Comme corollaire de l’estampe, le P. Hésius écrivit une dédicace latine, qui fut imprimée en lettres capitales, par Bathazar Moretus, à Anvers, in officinâ Plantinianâ, et forma un volume in-folio maximo. En voici le titre : Serenissimo principi Leopoldo-Gaielmo, archid. Austriæ, duci Burg, etc. Belgarum pro rege gubernatori, Flandriæ vindici, pio, forti, felici, S. P. Q. S. Sospitatem. Un volume tiré sur satin et richement relié fut remis au prince avec l’estampe emblématique. Seulement cent quarante-six volumes en furent imprimés sur papier de Hollande ; ils sont devenus rares. Une autre édition de cette dédicace, en caractères ordinaires, se rencontre plus fréquemment. En 1845, lors d’un exposition philanthropique d’objets d’art anciens et modernes, à Gand, où figurèrent les quatre planches de l’estampe de Schelte de Bolswert, la plus vaste de son œuvre, l’autorité communale permit de tirer de ces cuivres, qui se conservent aux archives de la ville, cent cinquante exemplaires, pour être livrés en souscription, au profit des indigents. La magnifique estampe, auparavant presque inconnue, même à Gand, est ainsi entrée dans le domaine public. Les planches, magistralement burinées, sont dans le meilleur état et sans usure. Elles sont signées : Erasmus Quellinus inventor,Schelte à Bolswert sculpsit.

Schelte de Bolswert marquait presque toujours ses travaux de son nom ; cependant, dit Brulliot, il y en a qui sont signés des initiales SB. D’autres biographes lui attribuent encore les chiffres BL et CBL ; Brulliot le met en doute.

Il existe un portrait de Schelte de Bolswert, peint par Antoine van Dyck et reproduit par Adrien Lommelin, artiste amiennois, qui passa toute sa carrière professionnelle à Anvers. A. Lommelin grava aussi d’après Rubens et Van Dyck, mais avec beaucoup moins de talent que Pontius et les Bolswert. Le portrait de S. à Bolswart, calcographus, est l’un des meilleurs portraits que Lommelin ait reproduits.

Edm. De Busscher.

Mêmes sources que pour Boëce de Bolswert, plus les Archives communales de Gand. — N° 1832 de l’Inventaire des chartres.

BOMALE (Jean DE), écrivain, né à Bomale. XVe siècle. Voir Jean de Bomale.

BOMBERG (Daniel), imprimeur célèbre, né à Anvers dans la seconde moitié du XVIe siècle, mourut à Venise en 1549. Riche, savant et désintéressé, il fut du petit nombre de ces hommes d’élite qui, dédaignant les mobiles vulgaires, se vouent corps et âme à la tâche qu’ils ont assumée. L’exercice de sa noble et utile profession était à ses yeux un véritable sacerdoce littéraire. Les théologiens et les philologues les plus célèbres de la Renaissance, oubliant ici leurs interminables querelles, sont unanimes à célébrer les louanges de Bomberg, et, deux siècles après sa mort, Foppens lui accorda une place dans la Bibliotheca belgica, parce que « l’illustre typographe, par des services inappréciables rendus aux lettres hébraïques, avait entouré son nom d’une gloire indestructible. » Ces éloges ne sont pas exagérés. Après avoir appris la langue hébraïque de Félix de Prato, Juif italien, qui embrassa plus tard le christianisme, Bomberg fit paraître à Venise, en 1517, la première édition de sa Biblia Hebraïca[1]. La même année, ajoutant au texte sacré la Masore et le Targum,

  1. Biblia Hebraïca, cum quibusdam variantibus lectionibus, quæ in Pentatreucho paucissimæ sunt, in cæteris libris frequentiores. Venetiis, opera Danielis Bombergi, 5277 (1517). anno XVI Leonardi Loredani Ducis Venetiorum. Bomberg fit successivement paraître cinq éditions, de plus en plus correctes, de cette Bible (1517, 1521, 1525. 1533, 1544).