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1612, ayant à peine atteint sa dix-septième année, et il subit les épreuves du noviciat à Anvers et à Louvain. Dans cette dernière ville, qui était alors le centre de la vie intellectuelle de nos provinces, il avait commencé son cours de philosophie, quand ses supérieurs, manquant de sujets pour leurs nombreux colléges des Pays-Bas, l’appelèrent dans la carrière de l’enseignement. Il occupa successivement une chaire à Ruremonde, à Bois-le-Duc, à Bruxelles et à Anvers, laissant partout la réputation d’un maître savant et habile. En 1612, il sollicita l’honneur de partir avec les premiers missionnaires de la Chine; mais cette demande, d’abord favorablement accueillie par le P. Trigant, chargé d’organiser la mission, demeura sans résultat. Il se trouvait à Anvers, en 1620, lorsque les Jésuites, voulant dignement célébrer la dédicace de leur magnifique église, eurent la singulière idée de faire représenter, sur une estrade adossée au nouveau temple, un drame historique en vers latins, plaçant sous les yeux des spectateurs la vie et les travaux du saint fondateur de leur ordre. Bolland, en sa qualité de professeur de rhérorique, fut chargé de composer cette œuvre et d’apprendre leurs rôles aux jeunes acteurs qui devaient y figurer. Il s’acquitta de cette double fonction de manière à mériter les applaudissements unanimes du public d’élite, accouru pour jouir de cette solennité à la fois religieuse et littéraire[1].

A l’âge de vingt-quatre ans, il fut renvoyé à Louvain, pour s’y livrer à l’étude approfondie de la théologie. Mais cette science, malgré ses larges proportions, ne suffit pas pour absorber l’infatigable activité du jeune religieux. Une ardeur féconde, une conception prompte et sûre, une mémoire heureuse et tenace, lui rendaient léger le fardeau sous lequel pliaient la plupart de ses condisciples. Au milieu de l’examen des plus grands problèmes de l’avenir religieux de l’humanité, ses aptitudes littéraires se manifestaient avec une force nouvelle, et, pendant son deuxième séjour à Louvain, il publia, sous le voile de l’anonyme, des poëmes et des discours qui furent remarqués[2]. C’était à lui que les supérieurs de la Compagnie s’adressaient pour obtenir les inscriptions, les dédicaces, les odes et les épigrammes, dont on faisait alors, comme on le fait encore aujourd’hui en Italie, un si grand usage dans les cérémonies académiques. Il étudiait, en même temps, avec un remarquable succès, les langues savantes de l’Orient et plusieurs idiomes de l’Europe moderne.

Après avoir achevé son cours de théologie, Bolland remplit pendant cinq années, avec une rare distinction, l’emploi de préfet des écoles de son ordre à Malines. Ici, de même qu’à Louvain, son intelligence vigoureuse semblait chercher sans cesse un aliment nouveau. Il s’y livra à ses premières études hagiologiques, en corrigeant avec soin un martyrologe destiné à son usage personnel. Il conçut le projet d’une vaste publication de chroniques belges inédites, devant débuter par le Chronicon ducum Brabantiæ d’Edmond de Dynter[3]. Il arrêta, avec quelques-uns de ses amis, le plan d’une traduction latine des classiques grecs, et, mettant immédiatement la main à l’œuvre, il commença celle des Elégies de Théognis et des Argonautiques d’Apollonius de Rhodes. Il voulait aussi, avec la collaboration de quelques Pères de la Compagnie de Jésus, traduire en latin les meilleurs ouvrages

  1. Le spectacle obtint un grand succès. Le P. Papenbroek (Vit. Bol., c. ii) dit à ce sujet : « Totam enim S. P. N. Ignatii vitam gloriamque sic digessit in partes, tanta styli varietate et elegancia explicavit, tam fdeliter per exercitos egregie adolescentes declamavit, ut etiamnum inter maxime senes vinat memoria incomparibilis illius, ut loquuntur, actionis. »
  2. Les bibliographes ne donnent pas la liste de ces pièces mêlées. Alegambe, dans sa Bibliotheca Societalis Jesu, se borne à dire : « Varia edidit carmina et orationes, sed tacite fere, vel alieno nomine. » les PP. De Backer reproduisent ces termes danss leur Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus.
  3. Bolland, entrainé trop loin par son goût pour la pure et brillante latinité du siècle d’Auguste, voulait corriger le style de nos vieux chroniqueurs, afin de les rendre plus agréables aux lecteurs.
         On sait que la chronique d’Edmond de Dynter n’a été publié qu’en 1854, par Mgr de Ram.