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elle met en relief l’esprit subtil du diplomate, elle fournit un exemple de plus des roueries diplomatiques. L’Autriche, grâce à l’appui de l’Espagne, avait réussi à reprendre la Bohème et la Hongrie et à enlever le Palatinat à l’Union évangélique; mais Tilly se trouvait arrêté dans ses succès par la ville de Frankenthal, bâtie autrefois par l’émigration belge. Ne pouvant la réduire par les armes, on eut recours à la diplomatie. De Boisschot fut une fois encore envoyé à Londres; il décida le roi d’Angleterre à négocier une trève et à mettre la ville en séquestre pour dix-huit mois entre les mains de l’infante Isabelle, à la condition que les troupes anglaises y rentreraient librement si la guerre continuait avec l’Autriche; il fut convenu que les troupes auraient pour y rentrer le libre passage sur le territoire de l’infante, mais De Boisschot ne parla pas du territoire d’autre pays et on ne songea pas à soulever cette question, de sorte que lors de la reprise de la guerre, les Anglais ne purent rentrer dans la ville, qui fut de cette manière définitivement conquise. Ce fut la dernière négociation de Boisschot qui, dans l’intervalle de ses deux missions en Angleterre, avait aussi été envoyé à Paris auprès de Henri IV.

En récompense de ses services, De Boisschot fut nommé successivement conseiller et maître aux requêtes du conseil privé, membre du conseil d’État, le 13 novembre 1623, et enfin chancelier du conseil de Brabant au mois d’octobre 1626, en remplacement de Peckius. La faveur du roi alla jusqu’à lui permettre de conserver sa place de conseiller au conseil privé, ses gages, entrée, rang et séance. Il ne faut pas oublier que des trois conseils établis en vertu des lois du pays, le conseil d’État ne participait plus en rien aux affaires du pays, le conseil privé et celui des finances ne s’occupaient que des questions secondaires et spéciales; deux juntes avaient toute l’autorité et seules administraient les affaires intérieures et extérieures. De Boisschot faisait partie de la seconde de ces juntes, appelée aussi le conseil adjoint et l’impopularité de ces institutions contraires aux coutumes du pays rejaillissait sur ceux qui en faisaient partie.

De Boisschot avait épousé, en 1607, une Espagnole, Anne-Marie de Camudio. Il mourut à Bruxelles, et fut enterré dans l’église de Notre-Dame des Victoires, au Sablon. Philippe III ne fut pas ingrat envers un sujet si dévoué : il le nomma, en 1615, chevalier de l’ordre militaire de Saint-Jacques; en 1621, les archiducs érigèrent sa terre de Saventhem en baronnie et enfin Philippe IV le nomma comte et lui donna la seigneurie d’Erps-Querbs.

Jules Delecourt.

BOISSCHOT (Jean-Baptiste DE), chevalier, magistrat et diplomate, fils de Jean-Baptiste de Boisschot et d’Élisabeth Vandoorne, naquit vers 1516 et mourut à Anvers en 1580. Il descendait d’une famille dont la noblesse a surtout été relevée par Ferdinand de Boisschot, qui fait l’objet de l’article précédent. Pourvu du diplôme de docteur J. U., il commença par être avocat postulant au conseil de Brabant. Il apparut comme pensionnaire de Bruxelles en 1565, alors que le pays et surtout le siége du gouvernement commençaient à être fortement troublés par le compromis des nobles. Au mois de janvier 1566, le magistrat de Bruxelles ayant encouru les reproches de Marguerite, pour avoir appuyé les délégués des chefs-villes du Brabant et ceux du tiers-État contre le chancelier de Brabant qui avait publié les édits du roi concernant l’établissement des juges exceptionnels, Boisschot fut envoyé (le 11 mars 1566) auprès de la gouvernante pour justifier la conduite de l’administration communale. Viglius, le grand partisan de la cause espagnole, rapporte qu’il avait rendu de si grands services au roi et à la ville de Bruxelles pendant ces premiers temps de troubles qu’il mérita, en 1569, la place de conseiller et d’avocat fiscal au conseil de Brabant, vacante par la mort de Joachim Giélis (Ægidius). Il fut également nommé garde des chartres du Brabant. Par ordonnance du 12 juin 1573, le duc d’Albe l’adjoignit au conseil privé avec Delrio, le membre du conseil des