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pieux prêtre Thierry Hezius, natif de Heeze, près d’Eindhoven.

Nous sortirions du cadre de la Biographie nationale si nous voulions exposer ici ce que fit le pape Adrien VI pour réconcilier entre eux les princes chrétiens de l’Europe, étouffer la prétendue réforme naissante en Allemagne, et délivrer l’Europe des Turcs qui s’étaient rendus maîtres de Constantinople.

Adrien VI, épuisé par les fatigues du gouvernement d’Espagne et les travaux du pontificat romain, tomba malade, au mois d’août 1523. Il rendit pieusement son âme à Dieu, le 14 septembre, âgé de soixante-quatre ans et demi. Il n’avait occupé la chaire de Saint-Pierre que pendant un an, huit mois et cinq jours, à compter de son élection. Quatre jours avant sa mort, il avait donné l’institution épiscopale à Eustache de Croy pour l’évêché d’Arras, et conféré le chapeau de cardinal à Guillaume Enckevoirt. Il fut enterré, presque sans pompe, dans la basilique de Saint-Pierre. Son tombeau portait cette modeste inscription : Hadrianus sextus hic situs est, qui nihil sibi infelicius in vita duxit quam quod imperaret[1]. Le cardinal Enckevoirt fit transporter les restes de son bienfaiteur dans l’église nationale des Allemands, Santa Maria dell’ anima, et lui éleva un magnifique mausolée de marbre, qui est l’œuvre de Michel-Ange de Sienne, du Florentin Nicolas Tribolo et de Balthazar Peruzzi. La base du mo- nument porte l’inscription suivante :

Hadrano. vi. pont. max. ex Traiecto insigni infer. Germaniæ vbbe qvi dvm bervm hvmanar. maxime aversatvr splendorem vltro a procerib. ob incomparabilem sacrar. disciplinar. scientiam ac prope divinam castissimi animi moderationem Carolo. v. caes .avg. præceptor Eccle. dertvsensi antistes sacri senatvs patribvs collega Hispanar. regnis præses Reipvb. deniq christ. divinitus pontif. absens adscitvs Vix. ann. lxiiii. men. vi. d. xiiii decessit. xviii. kl. octob. an. a partv virg. mdxxiii. pont. svi anno. ii Wilhelmvs Enckenvoirt illvs benignitate et avspiciis TT. S. 10 et pavli presb. card. dertvsen. facivndvm cvr.

Adrien VI était un théologien érudit; les écrits qu’il nous a laissés se distinguent par de vastes connaissances et un jugement des plus solides. Il était également appréciateur des belles-lettres. Les éloges qu’il reçut d’Érasme, l’ennemi acharné des théologastres (c’était le nom qu’Érasme donnait aux théologiens qui, de son temps, faisaient usage, dans leurs écrits et dans leurs discours, d’un latin barbare), nous en fourniraient au besoin, la preuve irréfragable: Adrianus, dit-il en parlant d’Adrien VI, favebat scholasticis disciplinis; nec mirum si illis favebat in quibus a teneris unguiculis educatus, longo intervallo præcedebat omnes : sed ita favebat tamen, vt apud eum prima esset pietatis ratio, satis etiam æquus et candidus erga bonas literas ac linguas. Voici les principaux écrits sortis de la plume d’Adrien VI : — 1° Questiones Quotlibetice Excellentissimi viri : artium : et sacre theologie professoris loge celeberrimi. M. Hadriani Florentii de Trajecto : Prepositi insignis ecclesie sancti Salvatoris Trajectensis : atque preclariss. academie Lovaniensis Cancellarii. Venumdantur Lovanii e regione Scholæ ju. civi. in ædibus Theodorici Martini Alustensis. — A la fin du volume, on lit : Absolute sunt hee questiones anno a partu virgineo M.D.XV. Mense Martio; vol. in-folio de 134 feuillets. Cet ouvrage fut réimprimé à Louvain, par Thierry Martens, en 1518, in-folio de 158 feuillets; à Venise par Luc Antoine de Giunta, en 1522, in-folio de 81 feuillets; à Paris, vers 1525, par Jehan Frellon et de Marnef, in-folio de 109 feuillets; à Paris, par Claude Chevallon , en 1527, in-8o de 114 feuillets; à Paris, par Nicolas Savetier, en 1527 et 1531, in-8o ou in-folio; à Lyon, par Guillaume Rovilius, en 1546, in-8o de 343 feuillets; et enfin à Lyon, par Jacques Gionta, en 1547. Les Quæstiones quodlibeticæ sont des discours, en forme de thèses publiques, prononcés aux réunions solennelles qui, tous les ans au mois de décembre, se tenaient pendant huit jours à l’École de la Fa-

  1. Le grand poëte néerlandais Vondel fait allusion à cette inscription dans les vers suivants :

    Daar hij (Adriaan) door ’t noodloth krijgt het hoogste ampt op aarde,
    Des Paus driedubble kroon van heil, van magt en waarde;
    Sijn deugt, godvrugtigheid en ootmoed was zoo groot
    Dat hem niet meerder als dit groot bestier verdroot.