Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/313

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Arts dans la pédagogie du Porc. Au concours général de 1478, il fut proclamé primus et admis, après dix années, comme membre de la Faculté des Arts, au conseil de l’Alma Mater, puis chargé de l’enseignement de la philosophie au collége du Porc.

Promu, en 1491, au grade de licencié en théologie, il obtint le canonicat de l’autel de Saint-André à l’église collégiale de Saint-Pierre, et, peu après, la cure du Grand-Béguinage à Louvain. Le 21 juin de l’année suivante, il reçut les insignes du doctorat. Marguerite d’York, sœur du roi Édouard IV d’Angleterre et veuve de Charles le Téméraire, supporta les frais de cette promotion doctorale. Six ans plus tard (1497), maître Adrien, comme on l’appelait, succéda au docteur Jean Vander Heyden (de Thymo, alias Vander Malen) en qualité de doyen du chapitre de Saint-Pierre, et, à deux reprises, il se vit élevé aux honneurs du rectorat académique. En 1507, l’empereur Maximilien lui confia l’éducation religieuse et scientifique de son petit-fils l’archiduc Charles d’Autriche, qui devint plus tard l’empereur Charles-Quint. Ce fut sans doute par l’entremise de sa bienfaitrice, Marguerite d’York, morte en 1503, qu’il eut l’avantage d’être connu à la cour. Comme le jeune archiduc résidait d’ordinaire au Château-César, à Louvain, son précepteur put continuer à donner ses leçons de théologie, et prendre une part active aux travaux littéraires de l’Université. Quant au bénéfice paroissial de Goeree, en Zélande, que Marguerite lui avait fait également conférer, il en remit la direction à un prêtre aussi savant que pieux, théologien gradué de l’Université de Louvain. Lui-même, néanmoins, alla chaque année, pendant les vacances, visiter les ouailles dont il était le pasteur, et leur donner en personne les soins du ministère sacré.

Le décanat de la collégiale de Saint-Pierre, à Louvain, ne fut pas le seul bénéfice dont jouit Adrien. Nous trouvons, en effet, qu’il fut en outre chanoine de Saint-Pierre à Anderlecht, prévôt de Saint-Quentin à Maubeuge, doyen de Notre-Dame à Anvers, chanoine-trésorier de Sainte-Marie et prévôt de Saint-Sauveur (Oude Munster) à Utrecht. Le cumul des bénéfices ecclésiastiques était alors un usage admis, usage fâcheux auquel le concile de Trente devait porter remède. D’ailleurs, Adrien employait religieusement le revenu de ses prébendes au soulagement des pauvres dont il était le père, à l’entretien d’étudiants dépourvus de ressources et à d’autres œuvres de charité. Ce fut vers 1513 qu’il acheta une maison située à Louvain, dans la rue du Mayeur, afin d’y recevoir et nourrir des jeunes gens qui se destinaient à l’étude des sciences ecclésiastiques. Parvenu au souverain pontificat, il dota richement cet institut, qui fut ouvert en 1523, et porte encore aujourd’hui le nom de Collége du Pape (Paus-Kollegie).

La nature de la position qu’il occupait mit le docteur Adrien en rapports fréquents avec Marguerite d’Autriche, tante de l’archiduc Charles et gouvernante des Pays-Bas. Cette femme distinguée le nomma, au commencement de l’année 1515, membre de son conseil et maître des requêtes. Il ne remplit pas longtemps ces fonctions ; son désintéressement et sa clairvoyance blessaient trop quelques courtisans avides, en particulier le sire de Chièvres, Guillaume de Croy, gouverneur militaire du jeune Charles. Tout fut mis en œuvre pour écarter Adrien de la cour, et l’intrigue réussit au gré des envieux. Adrien, d’abord envoyé dans la province de Hollande pour des affaires d’État, dut enfin abandonnera jamais le sol qui l’avait vu naître et la capitale du Brabant, où il avait vécu heureux pendant l’espace de quarante ans[1]. Il se mit en route pour l’Espagne, le 1er octobre 1515, afin d’y traiter devant Ferdinand le Catholique des affaires secrètes de haute importance.

  1. Adrien conserva toujours un souvenir d’amour et de gratitude pour sa ville natale. Le 16 juillet 1517, il écrivit de Madrid à Jean Dedel, d’Utrecht : Etiamsi summus pontifex essem, domum œdificare vellem, et in Trajecto residere. Et de fait, l’année suivante, il y fit construire une vaste maison qui fut achevée vers 1523. Il paraît qu’il la destinait à servir de collége. Voyez J. Van Liefland, Utrechts Oudheid, 1857.