Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle fut laissée dans l’abandon et il fallut d’actives et de nombreuses démarches pour obtenir du gouvernement les sommes indispensables à sa conservation.

L’église de Notre-Dame de Bourg, non loin de Brou, s’était écroulée au mois de décembre 1514. Les magistrats de cette ville, émerveillés de la science de maître Louis, se décidèrent à attendre son retour avant de prendre une résolution au sujet des travaux de restauration. L’architecte bruxellois s’aboucha, en effet, avec eux, mais ses plans ne furent pas adoptés. Toutefois, en 1536, se trouvant en présence de nouvelles difficultés, on se rappela ses propositions et on résolut de les suivre pour la restauration du chœur de l’église.

Quoique Van Bodeghem passât souvent ses étés dans la Bresse, on ne l’oubliait pas dans sa patrie, où son intervention était souvent réclamée, lorsqu’il s’agissait d’examiner des travaux considérables de maçonnerie ou d’en constater l’achèvement. Ce fut lui qui présida la commission qui visita, en 1525, les travaux de la Maison du Roi ; ce fut encore lui qui, avec deux autres experts, examina la partie de la tour de l’église d’Anderlecht dont la construction était due à maître Matthieu Kelderman, de Louvain, Jean Looman et Jean Ooge, et qui déclara, le 20 février 1525-1526, que ceux-ci avaient reçu cent cinquante florins de plus qu’on n’aurait dit leur payer.

Chargé par Marguerite d’Autriche de tracer les dessins du monument du frère de cette princesse, François, mort tout jeune à Bruxelles, notre architecte acheta, le 3 mars 1524-1525, par-devant les échevins de Bruxelles, une sépulture de marbre noir qui appartenait à un maître de carrières dinantais. Le monument fut sculpté par Guyot de Beaugrand et décora jusqu’à la fin du siècle dernier l’église de Saint-Jacques sur Caudenberg.

En 1532, on demanda à Van Bodeghem un plan pour la nouvelle chapelle du Saint-Sacrement dans l’église des Saints Michel et Gudule, mais son projet n’obtint pas la préférence. En 1534, de concert avec le charpentier, maître Guillaume Zegers, il visita l’emplacement sur lequel l’empereur Charles-Quint voulait faire ériger la nouvelle galerie de son palais de Bruxelles, galerie dont notre architecte fit le plan et surveilla la construction. Il exécuta un grand nombre de travaux de second ordre dans les bâtiments dépendant du domaine et fut, notamment, chargé de réédifier la tour des Chartes, au château de Vilvorde, qui avait été incendiée par la foudre. Il mourut, en 1540, alors que l’on travaillait encore à cette tour, et ce fut son successeur, Pierre van Wynhoven qui contrôla les dernières fournitures faites par les entrepreneurs.

Van Bodeghem s’était fiancé à Anne van Aelst dite Tote, le 30 août 1496. De son mariage naquit, entre autres enfants, un fils nommé François, qui fut l’un des conseillers de la ville de Bruxelles en 1555 et en 1559 et de qui descend la noble famille des vicomtes de Beughem. Un arrière-petit-fils de François, Jean-Ferdinand de Beughem, devint évèque d’Anvers.

Van Bodeghem habitait à Bruxelles rue de Laeken, à l’endroit de cette rue où s’opère la jonction des rues actuelles du Canal et du Pont-Neuf. Les receveurs et commis à la police de cette ville lui cédèrent, le 26 mars 1520 et moyennant un cens annuel de cinq florins, le bâtiment qui s’élevait en cet endroit en travers de la voie publique et que l’on appelait la Petite porte de Laeken. Il possédait aussi une habitation à Laeken. Son goût pour les arts est attesté par le beau livre d’heures, daté de 1526, que l’on conserve au séminaire épiscopal de Bruges et dans lequel on rencontre, tantôt son nom : Louich van Boghem, tantôt les lettres Louis V. Bhé, tantôt les initiales L. V. B., à côté d’un écusson portant d’or à trois bandes d’azur. La devise Jusques à la fin rappelle à notre souvenir que, chargé d’un travail colossal, Van Bodeghem ne sentit jamais défaillir son courage et que Marguerite d’Autriche n’eut pas à se repentir de la préférence qu’elle lui avait accordée.

Alphonse Wauters.

Archives du royaume de Belgique et Archives de la ville de Bruxelles. — Baux, Recherches his-