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Anvers en 1662. Par le mode usité en ces temps pour les publications des actes officiels, on pouvait, au premier abord, avoir facilement connaissance des documents, mais leur accumulation dans les greffes où l’accès était difficile était un obstacle à les consulter, on les perdait souvent de vue et même on ignorait complètement l’existence des actes rendus depuis un siècle. Un recueil du droit édictal, concernant une province aussi considérable que celle de Flandre, était donc une œuvre utile, laborieuse et dont l’existence devait se faire vivement sentir. Cependant un ouvrage pareil, compilé par des particuliers, devait être incomplet et parfois donner des textes incorrects ; celui de De Blois et de Stalins se trouve dans ce cas, bien que ce dernier collaborateur eût acquis aussi, parmi ses contemporains, la réputation d’un jurisconsulte distingué.

Britz.

Foppens, Mss. 6956, p. 149. — Vander Vynckt, Mss. 19122. — Procès-verbaux de la commission des anciennes lois, t. I, p. 56 — L’édition de Gand de ce recueil porte : Joannes de Bloys.

BLOIS (Louis DE) ou BLOSIUS, abbé de Liessies, né au château de Donstiennes, au commencement du mois d’octobre 1506, mort à Liessies, le 7 janvier 1566. Son père, Adrien de Blois, seigneur de Jumigny, appartenait à la famille des comtes de Blois et des seigneurs de Châtillon ; sa mère, Catherine de Barbençon, était dame de Donstiennes, seigneurie située dans le Hainaut, à proximité de la ville de Beaumont. Comme ses cinq frères et ses quatre sœurs, Louis reçut dans la maison paternelle une éducation soignée. Doué d’une intelligence supérieure et d’une douceur de caractère qui le rendait agréable à tout le monde, il fit, en peu de temps, des progrès extraordinaires dans la science et sut se faire aimer de chacun. Aussi, jeune encore, fut-il envoyé, en qualité de page, à la cour de l’archiduc Charles, devenu plus tard l’empereur Charles-Quint. Il s’y distingua par les qualités de l’esprit et du cœur et gagna, en peu de temps, l’amitié du jeune archiduc, amitié qui ne fit que croître avec les années. Les parents de Louis fondaient déjà les plus légitimes espérances sur l’avenir de leur fils, lorsque un accident, en quelque sorte providentiel, vint donner subitement une direction nouvelle à la carrière du jeune homme : Un jour, il reçut à la tête une blessure qui nécessita une opération douloureuse. Le chirurgien ayant demandé, avant de la commencer, quelle forme il désirait que l’on donnât à l’incision à faire dans les chairs : « Celle de la croix de Bourgoyne » répondit aussitôt le jeune chevalier. Cette parole fit impression sur toutes les personnes qui l’entendirent. Louis lui-même ne put s’empêcher de le remarquer, comme si cette réponse, dans laquelle la vanité avait sa part, eût révélé un secret dessein du Ciel sur lui. Il résolut bientôt de quitter la cour, pour se retirer au monastère de Liessies qui suivait la règle de saint Benoît. Il n’avait que quatorze ans lorsqu’il prit cette détermination.

Après avoir terminé son noviciat sous la conduite habile de dom Jean Meurisse, il fut envoyé à l’Université de Louvain pour y étudier les belles-lettres et les sciences sacrées. Il y suivit, entre autres, au collège des Trois-Langues, les cours du célèbre Clénard, et se perfectionna, sous la direction de ce savant philologue, dans la connaissance des langues hébraïque, grecque et latine. Pour la théologie, il eut des maîtres non moins illustres, Ruard Tapper et Jean Driedo, avec lesquels il contracta une liaison étroite et se distingua parmi ses condisciples par ses progrès dans la littérature et les sciences théologiques. Aussi, lorsqu’en 1527, l’abbé de Liessies, Gilles Gippus, voulut, à cause de ses infirmités et de son âge avancé, s’adjoindre un coadjuteur, il jeta les yeux sur Blosius pour lui confier cette charge importante. Ce choix, quelque extraordinaire qu’il parut, reçut l’approbation unanime des religieux, même des plus âgés. Et cependant le candidat n’était pas promu au sacerdoce, et se trouvait encore à Louvain pour y terminer ses études. Le nouvel élu, en apprenant le choix qu’on venait de faire