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volte des Gantois. Il n’en fut pas moins affligé profondément à la nouvelle de l’affreux sac de Dinant qui flétrit d’une tache ineffaçable les derniers jours de son maître. Il ne craignit même pas de compromettre la haute faveur dont il jouissait en demandant qu’il fut permis aux malheureux Dinantais, qui erraient encore dans le pays et loin de leur ville ruinée, de s’établir à Middelbourg. Sa demande fut accueillie favorablement et, tout en ouvrant un asyle à des proscrits, Bladelin enrichit Middelbourg d’une industrie importante. Plus tard, il obtint d’Édouard IV, roi d’Angleterre, de grands priviléges pour ces ouvriers intelligents qui se montrèrent plus d’une fois dignes du nom d’artistes. L’avenir de la ville nouvelle paraissait assuré, quand son fondateur mourut, et fut suivi au tombeau quatre années après par sa femme. Le monument magnifique qu’on leur éleva dans l’église, en face du maître-autel, fut détruit dans les troubles du xvie siècle, mais leurs cendres reposent encore sous une tombe modeste. La maison que le chevalier s’était fait construire à Bruges et qu’il habita longtemps, existe encore dans la rue des Aiguilles et a conservé tout son caractère primitif : on la distingue par une tourelle charmante, en pierres de taille, dont elle est surmontée.

J.-J. De Smet.

Archives et comptes de la ville de Bruges. — Nouveau cartulaire de Middelbourg. — Rymer, Acta publica t. V. — Mémoires d’Ol. de la Marche. — G. Chastelain, œuvres publiées. — Heyndericx, Jaerb. van Veurne.

BLÆRUS (Joannes-Diestemius), écrivain ecclésiastique, né à Diest. xve siècle. Voir De Blaer (Jean).

BLAES (Michel-Auguste), publiciste et administrateur, né à Bruxelles en 1809, mort dans la même ville le 2 décembre 1855. Il fit ses humanités à l’athénée de sa ville natale, puis se rendit à l’Université de Liége, où il fut promu docteur en droit en 1830. Ce titre, dû à des études accomplies avec autant d’assiduité que d’intelligence, devait rester purement honorifique ; sa timidité, jointe à un organe défectueux, l’éloignait du barreau ; et sa fortune, son manque absolu d’ambition ne l’entraînaient guère plus vers les emplois, si faciles à obtenir pourtant à la suite d’une révolution. Un penchant naturel le portait d’ailleurs dans une autre direction : les faits contemporains, les luttes quotidiennes des partis, l’intéressaient vivement ; selon l’expression familière, il dévorait, chaque matin, tous les journaux, et du goût prononcé à les lire jusqu’au désir, non moins vif, de les rédiger, il n’y avait qu’un court intervalle que son indépendance lui permettait aisément de franchir.

Blaes collabora d’abord au Courrier belge et y donna si bien la mesure de ses aptitudes, de ses forces, que lors de la création d’un nouveau journal, l’Observateur, il se trouva, en quelque sorte, désigné à l’avance pour remplir les fonctions de rédacteur en chef. Cette position, avec tout ce qu’elle implique de responsabilité, de vaillance intellectuelle, de préoccupation ou de labeur incessant, le trouva à la hauteur de sa tâche. Il y manifesta, non-seulement le talent d’un écrivain correct, abondant et substantiel, mais des qualités morales peut-être plus rares : l’intégrité, le désintéressement, une haute impartialité. Libéral convaincu, il estimait que c’était mal défendre une cause que de mettre à son service la virulence, les personnalités, l’esprit systématique de dénigrement ; aussi, apprit-il bientôt, à ses dépens, que l’intolérance des partis ne saurait s’accomoder de tant de calme, de tant de raison. Tout en combattant les tendances du cabinet catholique constitué en 1845, il avait cru pouvoir rendre hommage au talent oratoire déployé par l’homme d’État chargé du département de l’intérieur, et il eut à subir immédiatement, à ce sujet, les récriminations acerbes de l’un des représentants, fondateurs de son journal. Certes, il n’y avait rien d’imprévu, de trop anormal dans un tel fait : les journaux ne servent que trop souvent, et peut-être à leur insu, non à défendre ou à attaquer des doctrines, mais à satisfaire des inimitiés ou des rancunes. Blaes n’avait ni assez d’humilité, ni assez d’abnégation pour