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Mons[1]. L’on sait aussi que lorsque ce monument religieux dut être reconstruit, en 1449, Binchois se rendit en cette ville avec Guillaume Du Fay, et d’autres chanoines, non résidents, afin de déterminer l’emplacement de l’église nouvelle. Grâce à la douce quiétude engendrée par les bénéfices de sa position cléricale, notre artiste atteignit à la vieillesse et décéda à la fin du mois de septembre, ou pendant les premiers jours du mois d’octobre de l’an 1460, ainsi que l’indique une annotation découverte aux archives du département du Nord, à Lille. L’on doit également à la patiente érudition de M. Pinchart la transcription faite aux Archives du royaume, d’une autre note relative aux travaux du compositeur et qui est conçue comme suit : « A Gilles de Bins, dit Binchois, chappellain de la chappelle de Monseigneur, la somme de xxiij de x l. gros de Flandres, pour unq livre qu’il avait fait et composé par l’ordonnance de Monditseigneur, des Passions, en nouvelle manière, et icellui mis en la dicte chappelle ; pour ce, par mandement de icellui seigneur sur ce fait et donné en sa ville de Douay, le xxix jour de may l’an mil iiijc trente-huit. »

Nous venons d’indiquer en partie les éloges que Binchois obtint des écrivains les plus compétents de son époque ; il convient d’y ajouter le témoignage d’un poëte français, Martin Franc, qui écrivait, vers le milieu du xve siècle, son poëme, souvent cité, du Champion des Dames ; il s’agit dans le passage suivant de certains instrumentistes aveugles qui avaient fait sensation à la cour de Bourgogne :

Tu a les aveugles ouy
Jouer à la court de Bourgogne :
N’a pas certainement ouy
Qu’il fust jamais telle besogne.
J’ay veu Binchois avoir vergogne,
Et soy taire emprez leur rebelle ;
Et du Fay despité et frongne
Qu’il a mélodie si belle.

Jusqu’ici l’on n’a retrouvé des compositions de Binchois qu’un Fragment à deux parties et des Chansons à trois voix, comprises dans un manuscrit du xve siècle (Regula musicæ), vendu à Paris en 1834 et acquis par un savant musicographe, M. Edm. de Coussemaker, de Lille.

Félix Stappaerts.

BINSFELD (Pierre), théologien, né à Luxembourg, mort à Trèves le 24 novembre 1598. Issu de parents peu aisés, Binsfeld trouva un protecteur puissant qui lui fit faire toutes ses études au collége germanique à Rome. Il y devint docteur en théologie et en droit canon. A la prière de Jean de Schoenenbourg, archevêque de Trèves, le jeune docteur, à peine promu, fut rappelé de Rome, avec quelques autres prêtres instruits, afin de combattre comme prédicateur les doctrines d’un hérésiarque nommé Olévianus dont l’influence devenait inquiétante dans ce diocèse. Binsfeld montra tant de science, tant d’énergie dans cette mission délicate, que le prélat lui confia la tâche difficile d’aller reformer la discipline qui s’était considérablement relâchée parmi les religieux de l’abbaye de Prûm. Après trois ans de séjour dans cette maison, et à force d’exhortations et de patience, il parvint heureusement au but désiré ; l’archevêque, pour le récompenser, le désigna comme son suffragant avec le titre d’évêque in partibus d’Azot (1589) et la dignité de prévôt de Saint-Siméon.

Binsfeld passe pour un canoniste de grand mérite ; il composa un grand nombre d’écrits sur des matières théologiques ; on en trouve la nomenclature exacte dans Paquot. La peste qui sévissait dans le diocèse de Trèves, en 1598, l’enleva, jeune encore, à ses nombreux travaux. Son corps fut inhumé dans l’église de Saint-Siméon, à Trèves.

Bon de Saint-Genois.

Paquot, Mémoires, t. VI. — Neyen, Biographie Luxembourgeoise. — Foppens, Bibl. Belg., t. II, p. 955.

BIOLLEY (Marie-Anne), née Simonis, industrielle, naquit à Verviers le 17 janvier 1758 et mourut au château de


  1. « Maistre Jehan Hebert ou son clerc, délivrez à Binchois, nostre chappelain, une retenue de secrétaire aux honneurs et une lettre de la prébende de Saincte-Wauldrut de Mons, que lui avons nouvellement donné, sauz de tout ce prendre droit de séel. » (Archives générales du royaume, collect. des acquits des comptes du grand sceau.)